samedi 29 septembre 2007

lundi 13 août 2007

These shoes are made for runnin'

Il y en a en eu à Moscou, Berlin, Amsterdam, Washington. Des courses à talons hauts. Il faut le voir pour le croire:



D'accord, elles sont complètement folles, mais quand même. Elles réussissent à prouver que

1. le confort est une notion grossièrement surestimée. Particulièrement en nos terres francophones où il est de bon ton de s'afficher en gougounes à velcro, runnings ou -oh! comble de la coquetterie!- en ballerines.

2. c'est possible d'attrapper l'autobus en talons hauts.

3. non, vous n'êtes pas tombée dans le nid de poule parce que vous portiez des talons de 10cm, mais parce qu'il y avait là un criss de nid de poule et que vous ne l'avez pas vu.

Pour toutes ces raisons, je célèbre la course en talons hauts, faisant pour le moment fi de mes réserves toutes féministes. Et je m'en vais de ce pas passer l'aspirateur avec mes stilettos londoniens.

vendredi 3 août 2007

34 days later

Je vois que vous avez été nombreux (4) à vous inquiéter de mon absence après que je vous aie fait mes adieux. La plupart d'entre vous discutait de la répartition de mes biens, mais quand même. Votre sollicitude me touche. Si je n'ai rien écrit depuis si longtemps, c'est que je préfère updater mon profil sur Facebook. Je crois que Facebook, c'est un peu la mort de l'écriture.

À part ça, faut qu'on mette quelque chose au clair: arrêtez de me demander "comment ç'a été ton voyage", c'est une question nulle. La réponse ne peut que se situer dans des eaux maintes et maintes fois pratiquées: bien, super, pas mal, fatiguant, monstrueux. J'oscille un peu des fois pour surprendre mon adversaire. Posez plutôt une question précise et originale, qui pourrait donner lieu à une réelle conversation. Par exemple: est-ce que les Polonais ont des têtes aussi rondes et rasées qu'on le dit? Combien d'heures estimes-tu avoir passé dans les transports en commun au cours de ce voyage? Est-ce que le Carpe Diem tourne toujours autant à Hvar (Croatie)? À quel genre d'activité s'adonne-t-on quand il fait une chaleur de 43­ degrés à l'ombre et que les vieux meurent comme des mouches en Europe de l'Est? C'est vrai qu'ils entraînent des abeilles pour repérer des mines antipersonnel en Croatie?

Auquel cas je pourrais vous répondre: oui, 300, oui mais c'est cher, aucune, et oui.

Quoique je ne les ai pas vues à l'oeuvre, l'AFP rapporte que des milliers d'abeilles sont entraînées par la faculté d'agriculture de Zagreb à détecter des mines antipersonnel grâce à leur odorat. Celles que j'ai vues étaient plutôt entraînées à repérer nos heures de repas, mais bon. C'est quand-même débrouillard, non, quand on a un budget limité?

Parlant de budget limité, il faut que je vous raconte comment on fait pour éteindre un feu en Herzégovine. Une nuit chaude là-bas, après qu'il eût fait une chaleur dantesque pendant la journée, le ciel était illuminé par un incendie sur une montagne. Une de ces petites montagnes rocheuses et désertiques, peuplée de quelques buissons brûlés par le soleil, dont il y a tant dans le sud de la Bosnie. L'air est si sec et brûlant là-bas qu'il suffit de presque rien. Quelqu'un jette un spray à cheveux par exemple (non, c'était pas moi), il explose au soleil et ça y est. Un autre crime s'ajoute à la longue liste de ceux dont les magazines de mode sont déjà responsables.

Bref, les pompiers faisaient de leur mieux pour contenir l'incendie: ils attendaient. Ben ouais. Impossible de se rendre en haut de la montagne. Impossible d'arroser- la Bosnie ne possède pas d'hydravions et la Croatie en a deux, en piteux état paraît-il et déjà occupés ailleurs. Alors les pompiers ont attendu au pied du mont que l'incendie se rende à eux avant d'éteindre.

Êtes-vous contents d'habiter au Québec, là?

samedi 30 juin 2007

Mon testament

Alors apparemment le niveau d'alarme anti-terroriste est à son plus haut niveau à Londres. Après une voiture bourrée d'explosifs garée au centre-ville, un camion en flammes vient de percuter un terminal de l'aéroport de Glasgow. Comme je vais à Londres dans pas moins de 3-4 jours, j'ai pensé qu'il serait bon de rédiger ici mon testament.

Oh! J'entends déjà les mauvaises langues: mais qu'est-ce qu'elle a à écrire son testament, elle ne possède rien d'intéressant de toute façon à part sa nouvelle caméra numérique et son enregistreuse miracle qui transforme les paroles en texte mais dont elle ne sait pas comment se servir; et puis de toute façon elle cherche seulement à se rendre intéressante et à écrire des conneries sur son blogue.

C'est pas faux. Mais pensez-y: si vous ne me lisiez plus jamais, mon dernier post aura été à propos de foot! Et ça, je ne peux pas accepter. Même si Zidane est impliqué là-dedans.

Alors voici:

1. Si jamais on retrouve les pages de mon roman inachevé (David Topperfield) et que, je ne sais pas, Gallimard décide de le publier, je voudrais y rajouter une dédicace: À tous les hommes qui m'ont aimée.

2. Si je vous dois de l'argent, soyez indulgent, je suis morte.

3. Et non, je n'aurais pas voulu que mon enterrement se transforme en gros party où tout le monde est heureux et se saoule la gueule en disant :" elle aurait aimé ça que nous la fêtions comme elle fêtait la vie". Vous serez tristes. Compris?

4. Je veux être enterrée avec tous mes vêtements et toutes mes chaussures.

5. Si jamais un journal/magazine quelconque pour lequel j'ai travaillé écrivait ma nécrologie, ne les laissez surtout pas mettre : "elle fut une excellente chroniqueuse beauté". Je donnerai des coups de pieds dans mon cercueil.

Voilà pour l'essentiel. Pour le reste, si jamais je survis, je vous dis: rendez-vous sur mon blogue, d'où je vous rapporterai toutes mes pérégrinations en Europe de l'Est dans les futures semaines. Peut-être même aurez-vous quelques photos à l'appui, par exemple quand je tenterai de traire une chèvre chez mes grands-parents (si amusant!) ou que je poserai bras dessus- bras dessous avec le grand pont de Dubrovnik (si joli!). Et comme je suis une vraie chmournaliste, je tenterai de vous rapporterai quelques clichés volés de faces de Polonais. À quoi ça ressemble un Polonais d'extrême-droite qui a voté pour les frères Kaszcynski? La réponse dans mon prochain billet.

mardi 19 juin 2007

Zizou x 17 x 90

Je n'avais encore jamais vu de documentaire sportif qui était aussi clairement, aussi franchement, une oeuvre d'art. Et encore, je ne vois pas pourquoi on utilise le terme documentaire pour décrire Zidane, un portrait du XXIe siècle. Essai visuel serait plus juste. Performance, peut-être. Portrait en temps réel, encore mieux.

Pendant 90 minutes (la durée d'un match de foot, le 23 avril 2005, entre le Real Madrid et le Villareal), 17 caméras ont capté le visage de Zidane, les pieds de Zidane, les cuisses de Zidane, les mains de Zidane. Sous tous les angles. Et je comprends tout à fait pourquoi ça n'a pas plu aux amateurs de foot. Ils étaient venus pour voir un match de foot, ils ont eu droit à une transe hypnotique qui s'est déployée sous les rythmes rock de Mogwai. Ils voulaient être éblouis par le sens du jeu de Zidane, ils voulaient s'en prendre plein la face de son talent de footballeur, et ils ont eu son visage scruté à la loupe, son corps morcelé, son expression impénétrable.

Et, bien sûr, il y a cet espace-temps complètement éclaté, où l'on est désorienté, sans repères. Que se passe-t-il ailleurs, pendant que Zidane effleure le gazon avec ses crampons? Pendant qu'il attend le ballon? On ne le sait pas, ce n'est d'ailleurs pas l'important. De temps en temps dans cette expérience morcelée, il y a des buts. On les voit par les images d'archives de la télé espagnole, et c'est dans ces moments que nous prenons conscience de l'infranchissable abîme entre le footballeur et les spectateurs. Le reste du temps, on est avec lui, Zidane, sur le carré vert où la rumeur de la foule devient assourdissante. Où il oppose un visage statuesque, absolument sans expression, qui crache et qui sue et qui se tord quelquefois en un rictus, à ces millions de regards braqués sur lui.

Une fois, une seule fois, Zidane sourit. C'est à une blague que son coéquipier Roberto Carlos vient de faire. Le sourire reste, tarde à disparaître. Une autre fois, son calme olympien cède pendant qu'il s'empoigne avec un joueur de l'équipe adverse. On aperçoit Beckham qui tente de le retenir, un peu ridicule avec son physique de chanteur de boy's band face à cet impénétrable Algérien viellissant, noble, un peu cruel. Le carton rouge que Zidane récolte est prémonitoire. Et inattendu.

Allez voir Zidane comme vous iriez au musée d'art contemporain. Il n'y aura après tout ni mise en contexte, ni interviews, ni quoi que ce soit d'autre dans ce film expérimental qu'une apnée en terrain vert. Et ce sera magnifique.

vendredi 15 juin 2007

Bloguer en Iran

J'ai attendu. Quelques jours, puis une semaine. Mais Lady N n'a rien écrit là-dessus. Au lieu de parler de cet article super intéressant sur les blogueurs iraniens dans le Guardian, elle nous fait une digression zoologique. Alors je me vois obligée d'outrepasser mes compétences pour vous dire qu'apparemment, cette zone de liberté qu'étaient les blogs en Iran seront désormais monitorés par l'État (peu importe si c'est un anglicisme). Le million de blogueurs iraniens (!) devra désormais être enregistré auprès de l'État, ce qui inclut de donner son nom d'utilisateur et son mot de passe. Pendant ce temps, le président Ahmadinejad, qui tient son propre blogue, ne reçoit que des commentaires super positifs. Jetez-y un coup d'oeil et vous lirez des choses comme ceci:

I would like to say that I truly respect you, mr. President. You are a person of deep faith and you keep to your point of view. That is what I value the most. From what youve written on your blog, I can notice that the Iranian people and people from my home country Poland are mentally very similar. I hope our two countries will both keep on developing.

Your interviews are very enlightening. I enjoying listening to them, but I become disheartened when I discover the American Media misquote, misrepresent and completely propagandize what you are saying. Doesnt it bother you that your views are twisted so much in the West?

On ne s'en était pas rendus compte, mais comme le président Poutine, qui l'a répété pendant le G8, Ahmadinejad est un modèle de démocratie. Comme le dit Poutine (je résume): je suis le plus démocratique d'entre tous, c'est vous qui ne l'êtes pas. Une logique sans faille.

jeudi 14 juin 2007

Le nouveau Michael Moore

Je viens de revenir d'une projection de presse (yé!) de Manufacturing Dissent, un film canadien sur la "méthode" Michael Moore. Vous savez, le style Moore: le montage dramatique, les libertés avec la chronologie (déplacer des événements pour un effet plus punché), les citations hors contexte. Tout cela se justifiant, selon le cinéaste, par le fait qu'il réussit à faire à la fois un bon film et à dire la vérité.

Bon. Il faut dire que j'ai d'abord pris Manufacturing Dissent avec un grain de sel. Oui, les méthodes de Michael Moore sont douteuses, mais est-ce qu'on ne peut pas les pardonner quand ses films réussissent à faire ce que des documentaires plus scrupuleux ne font pas, c'est-à-dire faire courir les foules? Même s'il y a à y redire, ne met-il pas le doigt sur des réalités autrement plus importantes? N'est-il pas une voix essentielle à la gauche, une voix qui porte- chose si rare dans le monde médiatique américain, où on est accusé d'antiaméricanisme dès qu'on ose critiquer l'administration Bush?

Et puis, et surtout: Manufacturing Dissent donnera-t-il des armes à la droite?

Peut-être. Mais cela ne lui enlève pas son intérêt. Ironique de voir comment la réalisatrice emprunte elle-même quelques recettes à Michael Moore pour faire elle-même un documentaire punché. Elle est dans son propre film, elle utilise la narration, le montage rythmé. On se sent comme dans un remake de Roger&Me, où Moore racontait ses tentatives infructueuses de confronter le président de General Motors, Roger Smith. Ici aussi, la réalisatrice essaie à maintes reprises d'interviewer Michael Moore. Ici aussi, elle se fait hypocritement rabrouer.

On sort de ce film avec la désagréable impression que Moore est devenu le genre de "preacher" qu'il dénonçait. Le genre qui détient la vérité toute infuse. Il est debout, devant une foule électrifiée: l'administration Bush ne nous dit pas toute la vérité, crie-t-il. C'est aux médias de faire leur travail, de déterrer les faits et de poser les bonnes questions, dit-il encore. Ne nous laissons plus manipuler.

En effet.

***

Une petite déception: le titre est très pertinent, certes, mais avec cette allusion à Noam Chomsky, je m'attendais à plus. Plus qu'une entrevue dont on a entendu une seule phrase, quelque chose à propos de la presse libérale aux États-Unis, unie comme une seule personne. Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de commentaires de la part de quelqu'un qui a directement inspiré le titre du film.

Pour la petite histoire, il y avait d'autres journalistes que moi à cette projection de presse. Des dames de Radio-Canada, d'après ce que j'ai pu voir, avec lesquelles j'ai pissé en coeur après le film. (Pardonnez ma vulgarité.) À ce propos: Odile Tremblay a l'air originale; Francine Grimaldi sent très fort un parfum musqué; et Marie-Christine Trottier est étonnamment sexy et pigeonnante (je parle de son déc0lleté). C'était pour vous donner une impression des coulisses.