mercredi 31 janvier 2007

Chères centaines de lecteurs,

j'ai enfin réussi à enlever le filtre qui vous empêchait de me laisser des commentaires anonymes.
Ce n'est pas une mince victoire, considérant que la technologie et moi, ça fait trois (moi, la techno et la logique, sans aucun lien évident entre les trois).
Je vous laisse donc quelques suggestions de commentaires que vous pourriez m'écrire, espérant que vous serez plus courageux maintenant que le voile de l'anonymat vous protège:

1. c'est quoi ton p'tit nom?
2. acceptes-tu des sommes d'argent indécentes d'un admirateur anonyme qui ne demande qu'à se repaître de ta prose?
3. puis-je t'offrir un voyage en République dominicaine?
4. puis-je venir faire le ménage chez toi et en profiter pour nettoyer la toilette bien comme il faut, sans oublier la poussière, les tapis et le coin des bottes?

etc. etc.

mardi 30 janvier 2007

Au bout de la patience, il y a le ciel


C'est un proverbe africain.
J'en ai un autre aussi (pas africain du tout): à force de forger, on devient forgeron.
Et à force d'écrire?
En attendant que j'aie le temps de devenir une meilleure forgeronne, je vous donne ce petit cadeau (merci, Ju.) : une photo de Jan Saudek (il faut bien être Tchèque pour faire des trucs comme ça). Oui, d'ailleurs, qu'est-ce qui fait que les Tchèques sont si fascinés par le grotesque, la bouffe et les gens grotesques qui bouffent? Là je pense à quelqu'un comme Jan Svankmajer, au cinéma d'animation tchèque en général et à Jiri Trnka en particulier, qui fait le genre de choses que vous ne voudrez pas montrer à vos enfants (à moins qu'ils aient été très méchants).
Cette photo-ci me donne des idées: vous croyez que Dove apprécierait? Ça pourrait faire partie de leurs prochaines campagnes de savon. Dove exalte la beauté des vraies femmes!

jeudi 25 janvier 2007

Je respire la vierge

Je m'étais promis que ce blogue ne parlerait jamais jamais de produits de beauté. Ça suffit comme ça, merci! La preuve, je suis tombée par hasard (en cherchant mon CV) sur un mail envoyé à G. il y a quelque temps, dans lequel cette phrase édifiante sur mon état d'esprit:

"... la section emploi et carrière du grand cv de ma vie est en train de stagner. Elle ressemble à un marécage tout brun parcouru d'éclats roses identifiés guerlain et lancôme. Merde."

Mais finalement on n'échappe pas à certaines choses (roses et parfumées). Pis y faut que je vous le dise: je suis en plein voyage olfactif. Je respire, dans l'ordre: Baby, Paris 1738, l'Atelier Grimal, Virgin#1, en passant par Human Existence, Orgie et Aura. Hmm- humm. Le Parfum.

Cet extravagant OMNI* qu'est Thierry Mugler a fait un coffret collector sur les thèmes olfactifs du roman.
700 $ US quand-même. Il suffit pourtant que quelques princesses arabes capotent et l'affaire est dans le sac: Mugler aura fait des profits. Mais ne parlons pas d'argent ici parce que, n'est-ce pas, c'est si vil.

Évidemment, j'ai pas reçu le coffret lui-même, ça va pas??? Mais je suis en train de respirer les petites languettes en papier parfumé qu'ils m'ont envoyées. Ça sent des trucs sales, des trucs humains, des trucs riches et bons. J'ai essayé de me frotter avec les petits papiers en espérant qu'Aura ou Orgie seront suffisamment imprégnées sur ma peau, mais en sortant, pas de réaction chez les humains. Hé ho!? Je suis la Reine! Maintenant baisez. Ou alors mangez mon corps christique. Mais ne me demandez pas de payer pour mon billet d'autobus, merde.

Y a du monde qui comprend rien.


* Objet marchant non identifié.

mercredi 24 janvier 2007

Chronique d'un défilé désastre

Chers amis,

cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri en voulant plutôt pleurer.

D’un, parce que je ne retrouverai jamais ces heures gaspillées de ma vie pendant lesquelles j'aurais pu pour la première fois lire La Princesse de Clèves ou La Bête humaine, pratiquer mon espagnol ou passer l'aspirateur. De deux, parce que dans notre pauvre sous-préfecture de mode qui organise chaque année des Semaines de défilés absurdes et sans crédibilité critique, ce genre d’événement mérite la présence de 4 caméras et plusieurs médias écrits.

Bref, me voilà dans un bar du quartier international, brillamment appelé Le Quartier. (Remarquez, s’ils l’avaient appelé Le Bar du Quartier, ça n’aurait pas vraiment arrangé les choses.) L’endroit grouille de monde. Une foule jeune et belle et en santé. Je commence à me douter que quelque chose ne va pas. (Trop jeunes, trop en santé.)

19h40. Je m’installe sur un siège réservé aux médias pour ce qui s’annonce comme un défilé de mode sur fond de rideaux rouges avec un trou dedans (un client saoul qui aurait mal géré la portée de sa cigarette du temps d’avant la Prohibition? Mystère.) Il y a un garçon assis dans la rangée d’en avant, et je sais désormais qu’il est pas mal grâce à mes nouvelles lunettes. (Une victoire sur les lois de la nature! Vive le monde pas flou! Je commence une nouvelle vie, désormais. Une vie où je repèrerai les gars cute au moins 5 mètres à l’avance. Une vie où ils me souriront et je leur sourirai en retour.)

Grâce à ma nouvelle vue améliorée, j’ai pu voir en détails les deux premiers mannequins qui arrivaient en même temps et s’arrêtaient ensemble, d’un air bovin, pour tourner leurs têtes au regard vide harmonieusement dans la même direction. « My God! C’est quelle agence, ça? » ai-je chuchoté à ma voisine, qui m’a ignorée. Le deuxième est sorti, boutons mal cachés par une épaisse couche de fond de teint, torse trop long et trop musclé. Le troisième, visage fat, casquette (comme tous les autres), dans une pénible imitation de la démarche naturelle. Au menu : des hoodies, des hoodies bleu marine, des hoodies blancs, des hoodies avec des patches. Des trucs de skaters et de snowboarders. Re-bienvenue au Défilé de Mode de fin d’année de la 4e secondaire.

Il y a eu des moments cocasses, certes : le fait de lire les jurons sur les lèvres du cameraman de TQS entre dans cette catégorie. Voir l’animatrice de Musique Plus interviewer le gars de la marque, et faire semblant qu’elle était intéressée, aussi. C’est vraiment cool ce que vous faites! Et puis en plus, c’est écolo?

Et puis, le gars d’en avant a souri. Pas à moi, mais au monde. Il avait des broches. Sans doute mineur. Le genre qui trippe à regarder des vidéoclips de cascades de snow pendant des heures. Nous ne ferons jamais 1.2 enfants ensemble.

Bien à vous,

DJ Ogo



mardi 23 janvier 2007

Les Balkans reprezent

Ok Lady N,

voici ma réponse à ton clip de rap de Téhéran. Je l'appelle l'Eminem des Balkans. Ou comment faire un clip de rap quand on est très, mais très pauvre.

vendredi 19 janvier 2007

Hollywood à Dubaï, et autres nouvelles

Aujourd’hui j’ai compris beaucoup de choses. Notamment que si j’étais la seule à encore (encore!) réussir à perdre des textes sur mon portable, c’est parce qu’il me manque quelque chose comme le chromosome de l’habilité sociale. Un je-ne-sais-quoi d’absent qui fait de moi non seulement une personne qui ne comprendra jamais complètement comment fonctionne le monde qui l’entoure, de l’informatique au cellulaire, en passant par le four et la toilette, mais qui en plus aura toujours un peu de mal avec les interactions sociales et les situations de la vie courante.

Le genre de personne qui, dans une classe de yoga, se ramasse la face directement collée sur les pieds du monsieur poilu d’en avant parce qu’elle a mal calculé l’emplacement de son tapis. Le genre de personne qui choisit toujours la pâtisserie avec de la confiture et du sucre en poudre, qui échappe ladite pâtisserie sur son manteau noir et qui va rencontrer, dans cet état, des personnes qui, dans un monde idéal, auraient été ses employeurs, lui donnant ainsi la chance de porter autre chose qu’un pyjama au travail.

Si je n’avais pas perdu ce texte, vous auriez eu droit à une adroite revue de presse internationale qui se serait ouverte sur des considérations éthiques. J’aurais considéré le racisme qui sévit dans le Celebrity Big Brother d’Angleterre, mère patrie des meilleurs scandales, et je vous aurais rappelé un épisode de 2005, où une starlette s’introduisait une bouteille dans le v*** (ceci est un blog ouvert aux enfants)- devant caméra svp! Je crois que j’aurais parlé de ce second épisode uniquement par amour du sensationnalisme, parce qu’il n’a rien, mais rien à voir avec les remarques que subit l’actrice indienne Shilpa Shetty dans cette maison peuplée de has-been et de never-was.



Le plus drôle, dans toute cette histoire, c’est que le diffuseur de l’émission, Channel Four, refuse de parler de racisme et utilise plutôt le terme de « clash des classes et des cultures ». C’est un peu comme la traite des esclaves noirs et l’apartheid, quoi- un choc des cultures.

Dans ce brillant texte que ma prose pâlotte ne reproduit ici que très vaguement, je vous aurais raconté l’existence de Dubaïwood, le nouvelle destination pour les cinéphiles amateurs de promenades à dos de chameau. Oui, oui, il y aura un nouvel Hollywood à Dubaï : cheik Mo est en train de construire des tas de studios. (Ça aura l’air de quoi, une starlette de Dubaï? Parions qu’elle n’aura pas de mal à semer les paparazzis…)
Dubaïwood, ce n’est qu’un des autres projets qui suit celui de la construction de la tour la plus haute du monde, Burj Dubai. (J’aime beaucoup le nom de cette tour - « bourge Dubaï »- c’est très évocateur.) Et celui du centre de ski intérieur en plein désert.
Dans La Presse Affaires, vous trouverez ce très édifiant témoignage d’un Québécois à Dubaï : « Il y a un leader, le cheik Mohammed, c’est lui qui dirige tout, il a une vision pour les 15 prochaines années. C’est là qu’on s’en va. Il n’y a personne qui bitche, il n’y a pas d’opposition, il n’y a pas de syndicat, il n’y a pas de Greenpeace, il n’y a pas de chiâleux, il y a juste une direction », de l’avis enthousiaste de Jacques Morin, actionnaire et gérant de restaurants à Dubaï. Il y a aussi du cheap labor, l’absence totale de liberté d’expression et de presse, et le traitement de chiens qu’on fait subir aux immigrants des pays voisins.
C’est un peu ce que je vous aurais dit si je n’avais pas perdu ce texte. Je vous aurais aussi parlé du temps qu’il fait et de ma grand-mère qui pèle des légumes avec ses doigts arthritiques. Mais ça aurait fait un très long texte.

mercredi 17 janvier 2007

Lettre à Karl Lagerfeld (2)

Cher Karl,

j'ai été mise au courant de votre nouveau projet "artistique"... Je ne sais pas pourquoi vous pensez qu'en prenant un joli garçon en photo 350 fois plutôt qu'une et en exposant les clichés dans une galerie berlinoise, ça deviendrait autre chose que du soft porn. D'ailleurs, Karl, il faut que vous arrêtiez de vous prendre pour un photographe. Votre campagne pour Moët et Chandon avec la Eva, j'aurais pu la faire. Le réalisateur de Pretty Woman aussi. Quant au film réalisé pour aller avec vos photos... 5 minutes pour raconter la drague d'un homme et d'une femme?? Claude Lanzmann a plus de rythme que vous, Karl, et ce n'est pas peu dire! Son film à lui dure dix heures...

Pourquoi ne continuez-vous pas plutôt de faire ce dans quoi vous êtes le meilleur: du noir et blanc, des apparitions dans le rôle de la Veuve Noire aux côtés de la starlette de l'heure et des remarques très méchantes qui montrent votre dégoût inné pour les femmes réelles?

Mais venons-en aux vraies choses, Karl: si je vous écris de nouveau, c'est à propos de nos derniers échanges sur la Gem Sweater Girl.

Fiche d'identité de Gem Sweater Girl



Nom: Leslie Hall
Occupation: collectionneuse de chandails quétaines, modèle oversize pour des leggings dorés, chanteuse et frontwoman dans un groupe de filles, performance artist
Info: http://www.leslieandthelys.com/, http://www.lesliehall.com/

Ma question, Karl: est-ce que la mocheté s'annule du fait qu'on l'assume? Si je trouve des vieux leggings fleuris dans mon garde-robe, et que je porte un t-shirt Nike trop grand avec ça, bref, si je remets aujourd'hui le genre de tenue que je portais dans les années '90 (attention, fait vécu) et que j'appelle ça de l'ironie, est-ce que je deviens une artiste? Et à partir de quel degré de laideur ça devient une performance: par exemple, si je porte une jupe asymétrique et des bas filets, est-ce que ce sera suffisant?
Sur ces réflexions, cher Karl, j'attends vos réponses.

Votre dévouée,
DJ Ogo

lundi 15 janvier 2007

Lettre à Karl Lagerfeld

Cher Karl,

aujourd'hui j'ai passé la journée habillée en joggings roses pattes d'ef trop courts et trop larges, avec des grosses poches informes aux genoux qui pendouillent. Je sais que si tu m'avais vue, tu aurais été bien triste de voir qu'un tel outrage à la beauté puisse exister dans un pays développé. Je pourrais t'expliquer mon comportement en te disant que je travaille de chez moi et que je n'ai pas de contact rapproché, entre 9 et 5, avec une autre entité physique réelle que le facteur- mais je sais qu'en regard de l'Histoire ma défection face à l'esthétique sera durement jugée.

L'Histoire, cher Karl, c'est également ce qui motive les réflexions des autres Grands de ce monde, en passant par Bush et Sarkozy et Ahmadinejad. Et aussi Saddam, juste avant de mourir. Mais ce n'est apparemment pas ce qui a motivé cette cantatrice en herbe, qui a commis cette vidéo sans aucun égard pour la postérité. Une fille comme ça:

Le Manolo, la vidéo lui a donné des "convulsions comme les petits enfants japonais qui regardent Pokémon".

C'est vrai que le "gem sweater" fétiche dont elle souffre pourrait effrayer les enfants en bas âge et les malades psychiatriques. Mais bon, Éric Lapointe et Francine Grimaldi aussi peuvent faire ça et personne ne s'en plaint (trop). J'ose espérer, cher Karl, qu'un jour tu offriras un relooking à ces personnes qui ont grandement besoin de ta sagesse sartoriale pour éclairer leur chemin semé de fautes de goût. Et que par la même occasion, tu m'offriras une paire de joggings toute neuve, matelassée noire et blanche avec le logo Chanel.

Je te remercie de ton attention et t'envoie plein de bons voeux pour continuer avec succès ton régime draconien qui assure ton physique de caporal prussien,

ta dévouée,

DJ Ogo.


Galliano : en veux-tu, en v’là

Paillettes, tauromachie, esthétique baroque punk, lucky boots et moustaches : le Vogue Paris de ce mois-ci rend hommage à John Galliano. Du coup, c’est Galliano à toutes les pages et à toutes les sauces.
Sasha Pivovarova déguisée en JG. JG tout nu façon androïde du futur. JG chez lui, ambiance Tim Burton. JG aux commandes à la place de Carine Roitfeld, avec édito Gisele-ien style chapelle Sixtine. JG interviewé par Fanny Ardant… et j’en passe. Résultat : le Vogue Paris ressemble à une grosse pizza à l’ego de JG.
Et paradoxalement, au lieu de souligner son génie, la bande tellement post-punk et décadente du Vogue a mis en évidence sa vulgarité et ses clichés éculés. CQFD.

jeudi 11 janvier 2007

La jouissance des végétaliens




Il n'y a pas d'alcool! C'est la découverte un peu épeurante que j'ai faite aux Vivres: dans un resto végétalien, tu peux pas te soûler la gueule. Est-ce que ça veut dire que les végétaliens ne boivent pas?
...
Et est-ce que je suis la seule à les trouver puritains?
...
Ils ont beau avoir des tattoos, utiliser des keeper lavables à la place des tampons et serviettes sanitaires comme tout le monde, acheter leur linge chez Preloved et au Village des valeurs, ils sont un brin réac', ces mangeurs de luzerne.
Et la jouissance dans tout ça?

Leçons d'estime de soi par Tyra Banks (qui, elle, s'estime beaucoup)

Vanity Fair est en train de devenir mon magazine pré-fé-ré, malgré les mots compliqués en anglais et ma paresse à aller chercher le dictionnaire.

Leurs portraits sont parmi les meilleurs que j'ai lus, avec ceux de Nathalie Petrowski qui, c'est vrai, "écrit comme une déesse" quand il s'agit de croquer quelqu'un sur le vif (Caroline Néron doit encore en faire des cauchemars...).

Mais jetez un coup d'oeil sur l'article à propos de Tyra Banks dans l'édition de février: A Model Mogul. How Tyra Banks Catwalked Her Way From Mannequin To Mogul, c'est du Vanity Fair à son meilleur: critique, baveux, fouillé.

Miss Banks est une grande gueule qui se croit tout permis parce qu'elle a réussi à la télé (malgré le fait qu'elle soit noire) et qu'on la prend au sérieux (malgré le fait qu'elle soit devenue célèbre en soutien-gorge Victoria's Secret). Ça vaut la peine de la voir engueuler une participante à America's Next Top Model qui a l'air d'avoir 17 ans et pas d'avenir, avec un regard fermé et déjà en colère contre la vie. La petite est d'une espèce de beauté fragile qui ne lui sert sans doute à rien dans son bled perdu, et elle a eu le malheur de faire comme si elle s'en foutait quand elle a été éliminée, comme le font tous les abonnés précoces aux échecs. Voyez la réaction (un tantinet démesurée) de Tyra.

Le plus drôle, c'est que Banks anime un nouveau talk show calqué sur le modèle d'Oprah et The View, le genre de truc où l'animatrice dit "eille les filles, je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai de la cellulite comme pas possible" alors qu'elle est roulée comme une bombe, juste pour donner l'illusion qu'elle est comme VOUS, oui oui, VOUS qui mangez vos chips devant la télé, qui ne faites pas d'exercice et qui êtes célibataire depuis trois ans. Tyra va même jusqu'à parler de ses pets, un peu comme Céline qui parle de ses menstrues à n'importe quel intervieweur, sauf que là ça passe mieux parce que Tyra, elle, est magnifiquement belle et qu'elle ne cherche qu'à vous faire réaliser qu'au fond, elle est humaine.

C'est tellement tiré par les cheveux que les Américaines y croient profondément, comme elles croient sans broncher à la philanthropie sans arrière-pensées d'Oprah qui ouvre une école pour les petites Africaines et à l'abnégation de Brangelina qui n'a pas fini de s'impliquer et de défendre le plus faible.

Je crois qu'elles (les Américaines) y croient parce qu'ils (les célèbs) y croient, et ils y croient parce que dans leur grande naïveté ils n'imaginent pas un autre système que leur système, une autre parole que leur parole. On se demande ce qu'il en pensera plus tard, le petit orphelin bangladeshi adopté et transplanté dans un manoir de trois étages, décoré avec goût de meubles coloniaux ayant jadis meublé des palais indiens...

Quant à Tyra, la journaliste l'écorche passablement dans sa conclusion, que je m'en vais vous citer tout de suite, là, pour vous mettre l'eau à la bouche:

"I've definitely grown up this year,", says Tyra. "I'm feeling like more of a woman. (...) I'm not a girl. I'm a woman and I need to start acting like one, start opening my eyes to the world."

And with that, she gets into her chauffeured car and goes home.

She says she still has a lot of work to do.

Qu'ils bouffent donc de la brioche!

mercredi 10 janvier 2007

Le premier soir

Je fête la naissance de mon premier blog un verre de vin blanc à la main. S’il y a des coquilles qui se glissent, c’est la faute au Soave Classico, c’est sûr… Comme j’ai commencé à lire le Journal de Witold Gombrowizc en pensant à ce premier blog, je suis en train d’y voir tout plein de correspondances farfelues, un peu comme si Gombrowicz était un blogueur avant l’heure. Surtout parce que son Journal a été public dès le début (il est né sous la forme d’une collaboration mensuelle à la revue de la diaspora polonaise Kultura).

Le fait que je lise Gombrowicz à nouveau après des années où je l’ai trompé avec des écrivains plus actuels, c’est un pur hasard bien sûr; mais il ne m’en faut pas plus pour me promettre de m’inspirer de lui et de lui dédier ce blog. J’aime de son journal qu’il soit un carnet de choses lues entremêlées avec l’amour-haine que G. l’exilé éprouve pour la Pologne et pour lui-même. Un peu le projet que je vais tenter ici. Moins la Pologne. Plus le Québec et les références à des pays qui n’existent plus (tout ce qui faisait partie de l’ex-Yougoslavie et que l’on désigne maintenant là-bas par l’appellation pudique de « régions »). Pour mener mon projet à terme et ne pas emmerder mes éventuels trois lecteurs, je me dresse ici une liste de règles d’écriture que je respecterai, juré craché :

- pas de photos porno, sauf exception
- pas d’abus d’animaux, sauf si ça fait rire
- que des choses utiles pour des lecteurs pressés, comme des revues de presse, des curiosités, des nouvelles exclusives et des vidéos nulles sur you tube
- pas de velléités d’écrivain en devenir, ni de phrases trop longues et romantiques
- pas d’autobiographie, sauf s’il m’est arrivé un truc vraiment intéressant qui jette une lumière tout à fait nouvelle sur le Jonathan Littell, par exemple
- …

Bon, la liste est un genre de work in progress. En attendant de voir comment tout cela prendra forme, je bois à… Je bois.


Witold Gombrowicz à l'affiche
Institut Polonais, Paris (mai-juin 2004)