mercredi 23 mai 2007

Je veux être un légume parmi les légumes!

Une note rapide pour vous montrer ce que le monde de la publicité a produit de plus hilarant depuis longtemps: une annonce pour du parmesano reggiano.



Je voudrais être le concepteur publicitaire qui a pensé à ça, mais surtout!, je voudrais voir comment il a réussi à leur vendre son idée. "Ouais, il y aura plein de légumes qui dansent, et à un moment donné, une gigantesque main coupée va venir leur râper du fromage dessus, pis là un gros couteau va venir couper le fromage tout seul, et un bout de fromage vivant va sortir du dedans pour effrayer les légumes dansants"????
Pa-pa-pa-paparmigiano, Re-re-re-rerereggiano!

mardi 22 mai 2007

Chaleurs d'été

Aujourd'hui j'ai eu l'impression d'être au chômage. Je ne sais pas à quoi ça tient. Le travail s'empilait comme d'habitude sur ma to-do list, mais je n'étais pas pressée, j'avais du temps pour tout, même sortir sur le balcon en plein midi et lire un livre qui se passe en plein Midi -tiens!- de la France. Ce genre d'oisiveté un peu poisseuse (à cause du mercure estival), ça m'a rappelé mon été à Paris, quand je n'avais rien à faire d'autre dans mon grand appartement de Saint-Germain-des-Prés que d'attendre le début de mon stage au Figaro.

Cet été là, on avait la télé câblée et l'internet haute vitesse, mais surtout la télé câblée: plus de 400 chaînes françaises et internationales, et au moins 15 là-dessus étaient uniquement dédiées au cinéma. Dehors, il y avait le jardin du Luxembourg qui éclatait sous le soleil de juin, il y avait les touristes américains, il y avait les cafés bondés, et moi je passais mes journées collée à la télé, à regarder les films en boucle. Et à boire du vin, oui, beaucoup de vin. Une fois, j'ai soupé d'un gros plat que j'avais eu le temps de cuisiner et j'ai calé une bouteille de blanc toute seule, ce qui m'a tellement abrutie que j'ai dormi pendant 16 heures. Ça reste ma rencontre la plus proche avec l'alcoolisme.

Tout ça pour dire que j'ai terminé aujourd'hui, sous le soleil de mai, Chaleur du sang d'Irène Némirovsky qui n'a rien fait pour chasser cette atmosphère paresseuse et délétère qui accompagne chez moi l'angoisse des temps morts. Irène N., comme je me permets de l'appeler, c'est cette auteure qui a gagné le prix Renaudot plus de 60 ans après sa mort. On avait retrouvé le manuscrit de Suite française dans les tiroirs de la Juive française assassinée à Auschwitz, on l'avait publié et il avait gagné, malgré le poids des années et d'une mort lointaine.

Chaleur du sang, c'est un de ces livres ruraux français dans la tradition de George Sand et de Marcel Pagnol, en plus impudique. On y retrouve la même âpreté des paysans, le même soleil chaud, le même rythme de vie déterminé par les semailles et les moissons. Un vieil oncle raconte quelques saisons dans la vie des paysans bourgeois de son village. François et Hélène, les cousins de l'oncle Silvio, comme toute le monde l'appelle, sont mariés, tranquilles et heureux depuis un quart de siècle. Leur fille Colette épouse un brave garçon. Mais il y a dans les parages un beau grand brun, amant d'une autre belle jeune femme mariée à un vieillard, et il y a aussi quelque chose comme une ambiance de passion et de meurtre.

C'est plus long qu'une nouvelle et plus court qu'un roman, et ça se lit comme la chronique d'un secret de famille. C'est comme si on avait troublé la surface calme d'un étang, et que la tranquille apparence de l'eau claire avait fait place à une boue opaque. L'oncle Silvio est vieux et il contemple les passions de la jeunesse en vieux garçon tranquille qu'il est, mais il y a des événements (des révélations) qui rappellent même à un vieux garçon la chaleur du sang qui l'a déjà bouleversé, jeune. On lit ça comme un vieux carnet qu'on aurait trouvé dans un poussiéreux grenier de famille, un carnet qui nous aurait rappelé que nos grands-parents ont déjà été jeunes et qu'ils ont fait des folies par désir. Il y a la même aura de mystère que si on avait trouvé un journal intime jauni, dont les protagonistes sont morts depuis longtemps.

"... à vingt ans, comme je brûlais!", écrit l'oncle Silvio. "Comment s'allume en nous ce feu? Il dévore tout, en quelques mois, en quelques années, en quelques heures parfois, puis s'éteint. Après, vous pouvez dénombrer ses ravages. (...) Qui n'a pas eu sa vie étrangement déformée et courbée par ce feu dans un sens contraire à sa nature profonde? Si bien que nous sommes tous plus ou moins semblables à ces branches qui brûlent dans ma cheminée et que les flammes tordent comme elles veulent; j'ai sans doute tort de généraliser; il y a des gens qui sont à vingt ans parfaitement sages, mais je préfère ma folie passée à leur jeunesse."

Non, cette écriture n'est pas contemporaine. Mais il y a quelque chose dans son air embaumé qui colle au sujet et qui nous fait mieux sentir la nostalgie des années mortes que si c'était Sollers qui l'écrivait... Quelque chose de vieux, de beau, d'ancien et d'assassin. Amenez-le au parc, et lisez-le sous le soleil du midi.

mardi 15 mai 2007

J'ai serré la main du diable

Le diable s'est incarné en femme et je le connais. C'est La Salama, qui pour le moment est la propriétaire du logement beaucoup trop cher que je loue. Mais vous devriez me voir- dans les négociations, je ne laisse pas de quartier. Je me trouve même vaguement sexy, quand je suis salope comme ça.

Moi: Vous savez, Satan, je ne vois même pas pourquoi vous me montrez tous ces chiffres et calculs pour justifier une si faramineuse augmentation du loyer. D'abord, parce qu'elle ne se justifie pas. Ensuite, parce que vous avez dépassé le délai prescrit par la Régie du logement pour ouvrir un dossier.

Satan: Non, je n'ai rien dépassé du tout.

Moi: Si. Vous aviez un mois depuis l'envoi de ma lettre, et j'ai gardé le reçu. Vous l'avez dépassé de quelques jours.

Satan: C'est pas vrai! C'est pas vrai!

Moi: Bon, allez vérifier. Ils vous diront la même chose qu'à moi, c'est-à-dire que le bail est reconduit aux mêmes conditions qu'avant.

Satan (très fâché): Je vous ferais remarquer que j'ai baissé le loyer exprès pour vous l'année dernière, parce que je vous aimais bien...

Moi: Pardon? On était une semaine avant le 1er juillet. Il n'y avait personne d'autre d'intéressé, au prix qu'il était! Bon, écoutez ce que je vous propose: j'accepte une augmentation de 20$ par mois, si vous voulez qu'on n'aille pas devant la Régie.

Satan: .... Ok.... Mais je dois d'abord vérifier mon délai avec la Régie.

Moi: Ah non! Ce n'est pas comme ça qu'on négocie!

Satan: Vous cherchez à m'intimider? À profiter de mon ignorance?... Écoutez, je vous demande une journée pour réfléchir, c'est tout.

Moi: ...

Satan: ...

Moi: Demain j'aurai peut-être changé d'idée.

***

C'est ainsi que je négocie de pied ferme. De plus en plus ferme. Vous me trouvez pas sexy?

lundi 14 mai 2007

Adieu, chroniques beauté

Il y a des changements comme ça qui sont attendus depuis longtemps. Mais au moment où ils arrivent, ça vous fait un de ces coups. Prenez les chroniques beauté. On ne peut pas dire que j'étais, comment dire, passionnée par cette tâche. Pourtant, cela se faisait vite et bien, et c'était, je ne dirais pas une fête à chaque fois, mais c'était comme faire la vaisselle. Vaguement relaxant. Pour vous donner une idée, à chaque fois que j'écris un texte dans la section littéraire, c'est comme si on m'arrachait une dent sans anasthésie. Ça n'a rien de vite ni de bien.

Et puis les chroniques vanités, mine de rien, ça payait mon loyer. Et ça me donnait de quoi écrire, de quoi délirer, de quoi nourrir mon blogue tout rose. Ça m'a permis de voir non pas le monde, mais Toronto. Au moins trois, quatre fois, si ma mémoire est bonne.

Alors aujourd'hui, je suis comme en compote. Moi qui a maintes fois considéré démissionner de cette section, je suis en deuil. C'est que je les aimais bien, au fond, mes chroniques vanités. Allez, vivez longtemps mes petites! Vivez sous la plume d'une autre, volez de ses ailes à elle, abreuvez-vous aux sources de son inspiration! Et rendez-moi la mienne!

Ah oui, la raison: ils ont engagé une nouvelle journaliste pupitre mode de vie qui va écrire pas mal de textes, ce qui va leur faire économiser pas mal de sous. Ainsi vont les profits.

Le lundi 7 mai 2007, vous avez donc assisté à mon dernier délire de chroniqueuse beauté. Rassurez-vous, il n'y a pas de lien entre l'un et l'autre: la nuit m'a bien porté conseil, et j'ai changé (un peu) ce paragraphe lyrique et embrasé avant de le publier.

jeudi 10 mai 2007

27 degrés

Je trouve que les trop belles journées ont quelque chose d'assassin.

lundi 7 mai 2007

Un délire de chroniqueuse beauté

Mais il y a d'autres soirs où vous rentrez un peu saouls à la maison et vous vous mettez à rédiger les textes à remettre pour le lendemain matin, un peu euphorique grâce au vin et aux métaphores que vous enfilez comme des perles. Ça donne des envolées poétiques comme celle-ci:

Fard à paupières de *marque connue*
C’est un bleu océan un brin charbonneux qui nappe la peau comme un voile mat et soyeux. Une teinte passe-partout, pour les amoureuses de l’eau ancrées sur la terre ferme. Un fard entre l’azur et le ciment, à porter au bureau ou plus tard, quand les heures s’avancent en même temps que les ombres.


Pris entre l'humour au 3e degré sous-jacent à votre écriture, ému par la poésie au 1er degré qui baigne ces quelques phrases aériennes, rattrapé par votre désir de réveiller le lecteur assoupi qui lit votre chronique sur son bol de toilette, vous hésitez. Peut-être... devrais-je... vraiment... le publier?

Sage (vous avez lu les trésors de la pensée bouddhiste, tels que Ping la grenouille), vous laissez la nuit vous porter conseil. Vous ne voudriez pas, après tout, que ladite marque vous contacte pour rédiger ses futurs communiqués de presse. Et puis vous vous inquiétez aussi de ces envolées lyriques à propos d'une ombre.

La chronique nightlife

Il y a des soirées comme ça. Prenez hier: on se rendait à un événement supposément très glam, le 20e anniversaire d'un resto couru parmi le gratin artistique québécois. Il y avait là ce qu'on appelle des "personnalités". Personnalités, oui, car ici on résiste encore au terme "people", ainsi qu'à ses déclinaisons de plus ou moins bon goût- pipolitude, pipolisation, pipi. Ce qui rend le travail du rédacteur à la recherche de synonymes beacoup plus difficile. Aperçus, parmi les pipoles (qu'est-ce que je vous disais, la loi implacable des synonymes a triomphé de moi!): la mèche blanche du célèbre caricaturiste de Le Presse, la mèche noire et lustrée d'une ex-mannequin, ex-comédienne et ex-conjointe de Paul Piché (la Audrey Benoît), le cheveu long et terne du Guy A. Qui, lui, m'a aussi aperçue à son tour. Trois fois plutôt qu'une.

Et parmi cette soirée de personnalités d'ici- ah oui, y avait aussi la rédac en chef du Elle Québec, qui m'a donné des bises et qui m'a dit qu'on allait s'appeler, je suis toute frémissante d'espoir- entre ces personnalités d'ici, les bands boboches qui jouaient et les deux danseuses qui ont fait leurs classes à La Fureur, l'ambiance n'arrivait pas à la cheville de n'importe quel bar de quartier. Pire encore, les mecs étaient mochissimes. À part mon ex bien sûr, croisé là par hasard, toujours aussi plein de mignonesse*, de charme et d'alcool. Ah oui, et quelques deux autres (gros max) échantillons masculins triés sur le volet.

Est-ce parce qu'on était dimanche? Parce que l'assistance était plutôt multigénérationnelle, ratissant large entre 20 et 70 ans? Parce que les danseuses se trémoussaient tellement qu'elles canalisaient dans leurs cuisses et fessiers toute envie qu'aurait eu la foule de secouer lesdites parties? Parce que l'alcool, qui devait être gratuit, ne l'était pas tant que ça? Toujours est-il que tout le monde s'est emmerdé.

Je suis partie en même temps que Guy A., on avait tous deux des choses importantes à produire aujourd'hui. Moi sans doute plus que lui, car enfin, je n'ai pas un tas de recherchistes collées à mes trousses, moi.

* nom commun que j'ai dérivé de l'adjectif mignon


Rage against the fashion world.
Aujourd'hui j'ai appelé une designer pour une mini-entrevue. Si je le pouvais, je récrirais ses réponses. Comment peut-on être à la fois aussi sympa, mignonne et sans intérêt? Comment peut-on avoir si désespérément peu de choses à dire tout en étant ambitieuse, travaillante et excellente femme d'affaires? Si seulement je le pouvais, j'inventerais des réponses bien meilleures pour elle. La tentation sera forte, mais tant pis. Je laisse mes velléités créatives naître et mourir ici. RIP.