samedi 30 juin 2007

Mon testament

Alors apparemment le niveau d'alarme anti-terroriste est à son plus haut niveau à Londres. Après une voiture bourrée d'explosifs garée au centre-ville, un camion en flammes vient de percuter un terminal de l'aéroport de Glasgow. Comme je vais à Londres dans pas moins de 3-4 jours, j'ai pensé qu'il serait bon de rédiger ici mon testament.

Oh! J'entends déjà les mauvaises langues: mais qu'est-ce qu'elle a à écrire son testament, elle ne possède rien d'intéressant de toute façon à part sa nouvelle caméra numérique et son enregistreuse miracle qui transforme les paroles en texte mais dont elle ne sait pas comment se servir; et puis de toute façon elle cherche seulement à se rendre intéressante et à écrire des conneries sur son blogue.

C'est pas faux. Mais pensez-y: si vous ne me lisiez plus jamais, mon dernier post aura été à propos de foot! Et ça, je ne peux pas accepter. Même si Zidane est impliqué là-dedans.

Alors voici:

1. Si jamais on retrouve les pages de mon roman inachevé (David Topperfield) et que, je ne sais pas, Gallimard décide de le publier, je voudrais y rajouter une dédicace: À tous les hommes qui m'ont aimée.

2. Si je vous dois de l'argent, soyez indulgent, je suis morte.

3. Et non, je n'aurais pas voulu que mon enterrement se transforme en gros party où tout le monde est heureux et se saoule la gueule en disant :" elle aurait aimé ça que nous la fêtions comme elle fêtait la vie". Vous serez tristes. Compris?

4. Je veux être enterrée avec tous mes vêtements et toutes mes chaussures.

5. Si jamais un journal/magazine quelconque pour lequel j'ai travaillé écrivait ma nécrologie, ne les laissez surtout pas mettre : "elle fut une excellente chroniqueuse beauté". Je donnerai des coups de pieds dans mon cercueil.

Voilà pour l'essentiel. Pour le reste, si jamais je survis, je vous dis: rendez-vous sur mon blogue, d'où je vous rapporterai toutes mes pérégrinations en Europe de l'Est dans les futures semaines. Peut-être même aurez-vous quelques photos à l'appui, par exemple quand je tenterai de traire une chèvre chez mes grands-parents (si amusant!) ou que je poserai bras dessus- bras dessous avec le grand pont de Dubrovnik (si joli!). Et comme je suis une vraie chmournaliste, je tenterai de vous rapporterai quelques clichés volés de faces de Polonais. À quoi ça ressemble un Polonais d'extrême-droite qui a voté pour les frères Kaszcynski? La réponse dans mon prochain billet.

mardi 19 juin 2007

Zizou x 17 x 90

Je n'avais encore jamais vu de documentaire sportif qui était aussi clairement, aussi franchement, une oeuvre d'art. Et encore, je ne vois pas pourquoi on utilise le terme documentaire pour décrire Zidane, un portrait du XXIe siècle. Essai visuel serait plus juste. Performance, peut-être. Portrait en temps réel, encore mieux.

Pendant 90 minutes (la durée d'un match de foot, le 23 avril 2005, entre le Real Madrid et le Villareal), 17 caméras ont capté le visage de Zidane, les pieds de Zidane, les cuisses de Zidane, les mains de Zidane. Sous tous les angles. Et je comprends tout à fait pourquoi ça n'a pas plu aux amateurs de foot. Ils étaient venus pour voir un match de foot, ils ont eu droit à une transe hypnotique qui s'est déployée sous les rythmes rock de Mogwai. Ils voulaient être éblouis par le sens du jeu de Zidane, ils voulaient s'en prendre plein la face de son talent de footballeur, et ils ont eu son visage scruté à la loupe, son corps morcelé, son expression impénétrable.

Et, bien sûr, il y a cet espace-temps complètement éclaté, où l'on est désorienté, sans repères. Que se passe-t-il ailleurs, pendant que Zidane effleure le gazon avec ses crampons? Pendant qu'il attend le ballon? On ne le sait pas, ce n'est d'ailleurs pas l'important. De temps en temps dans cette expérience morcelée, il y a des buts. On les voit par les images d'archives de la télé espagnole, et c'est dans ces moments que nous prenons conscience de l'infranchissable abîme entre le footballeur et les spectateurs. Le reste du temps, on est avec lui, Zidane, sur le carré vert où la rumeur de la foule devient assourdissante. Où il oppose un visage statuesque, absolument sans expression, qui crache et qui sue et qui se tord quelquefois en un rictus, à ces millions de regards braqués sur lui.

Une fois, une seule fois, Zidane sourit. C'est à une blague que son coéquipier Roberto Carlos vient de faire. Le sourire reste, tarde à disparaître. Une autre fois, son calme olympien cède pendant qu'il s'empoigne avec un joueur de l'équipe adverse. On aperçoit Beckham qui tente de le retenir, un peu ridicule avec son physique de chanteur de boy's band face à cet impénétrable Algérien viellissant, noble, un peu cruel. Le carton rouge que Zidane récolte est prémonitoire. Et inattendu.

Allez voir Zidane comme vous iriez au musée d'art contemporain. Il n'y aura après tout ni mise en contexte, ni interviews, ni quoi que ce soit d'autre dans ce film expérimental qu'une apnée en terrain vert. Et ce sera magnifique.

vendredi 15 juin 2007

Bloguer en Iran

J'ai attendu. Quelques jours, puis une semaine. Mais Lady N n'a rien écrit là-dessus. Au lieu de parler de cet article super intéressant sur les blogueurs iraniens dans le Guardian, elle nous fait une digression zoologique. Alors je me vois obligée d'outrepasser mes compétences pour vous dire qu'apparemment, cette zone de liberté qu'étaient les blogs en Iran seront désormais monitorés par l'État (peu importe si c'est un anglicisme). Le million de blogueurs iraniens (!) devra désormais être enregistré auprès de l'État, ce qui inclut de donner son nom d'utilisateur et son mot de passe. Pendant ce temps, le président Ahmadinejad, qui tient son propre blogue, ne reçoit que des commentaires super positifs. Jetez-y un coup d'oeil et vous lirez des choses comme ceci:

I would like to say that I truly respect you, mr. President. You are a person of deep faith and you keep to your point of view. That is what I value the most. From what youve written on your blog, I can notice that the Iranian people and people from my home country Poland are mentally very similar. I hope our two countries will both keep on developing.

Your interviews are very enlightening. I enjoying listening to them, but I become disheartened when I discover the American Media misquote, misrepresent and completely propagandize what you are saying. Doesnt it bother you that your views are twisted so much in the West?

On ne s'en était pas rendus compte, mais comme le président Poutine, qui l'a répété pendant le G8, Ahmadinejad est un modèle de démocratie. Comme le dit Poutine (je résume): je suis le plus démocratique d'entre tous, c'est vous qui ne l'êtes pas. Une logique sans faille.

jeudi 14 juin 2007

Le nouveau Michael Moore

Je viens de revenir d'une projection de presse (yé!) de Manufacturing Dissent, un film canadien sur la "méthode" Michael Moore. Vous savez, le style Moore: le montage dramatique, les libertés avec la chronologie (déplacer des événements pour un effet plus punché), les citations hors contexte. Tout cela se justifiant, selon le cinéaste, par le fait qu'il réussit à faire à la fois un bon film et à dire la vérité.

Bon. Il faut dire que j'ai d'abord pris Manufacturing Dissent avec un grain de sel. Oui, les méthodes de Michael Moore sont douteuses, mais est-ce qu'on ne peut pas les pardonner quand ses films réussissent à faire ce que des documentaires plus scrupuleux ne font pas, c'est-à-dire faire courir les foules? Même s'il y a à y redire, ne met-il pas le doigt sur des réalités autrement plus importantes? N'est-il pas une voix essentielle à la gauche, une voix qui porte- chose si rare dans le monde médiatique américain, où on est accusé d'antiaméricanisme dès qu'on ose critiquer l'administration Bush?

Et puis, et surtout: Manufacturing Dissent donnera-t-il des armes à la droite?

Peut-être. Mais cela ne lui enlève pas son intérêt. Ironique de voir comment la réalisatrice emprunte elle-même quelques recettes à Michael Moore pour faire elle-même un documentaire punché. Elle est dans son propre film, elle utilise la narration, le montage rythmé. On se sent comme dans un remake de Roger&Me, où Moore racontait ses tentatives infructueuses de confronter le président de General Motors, Roger Smith. Ici aussi, la réalisatrice essaie à maintes reprises d'interviewer Michael Moore. Ici aussi, elle se fait hypocritement rabrouer.

On sort de ce film avec la désagréable impression que Moore est devenu le genre de "preacher" qu'il dénonçait. Le genre qui détient la vérité toute infuse. Il est debout, devant une foule électrifiée: l'administration Bush ne nous dit pas toute la vérité, crie-t-il. C'est aux médias de faire leur travail, de déterrer les faits et de poser les bonnes questions, dit-il encore. Ne nous laissons plus manipuler.

En effet.

***

Une petite déception: le titre est très pertinent, certes, mais avec cette allusion à Noam Chomsky, je m'attendais à plus. Plus qu'une entrevue dont on a entendu une seule phrase, quelque chose à propos de la presse libérale aux États-Unis, unie comme une seule personne. Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de commentaires de la part de quelqu'un qui a directement inspiré le titre du film.

Pour la petite histoire, il y avait d'autres journalistes que moi à cette projection de presse. Des dames de Radio-Canada, d'après ce que j'ai pu voir, avec lesquelles j'ai pissé en coeur après le film. (Pardonnez ma vulgarité.) À ce propos: Odile Tremblay a l'air originale; Francine Grimaldi sent très fort un parfum musqué; et Marie-Christine Trottier est étonnamment sexy et pigeonnante (je parle de son déc0lleté). C'était pour vous donner une impression des coulisses.

mardi 12 juin 2007

Une curiosité

Muta délire aujourd'hui.

jeudi 7 juin 2007

D'injustices et d'autres

Quand on lance un nouveau magazine féminin en France, qu'on cherche à résumer l'actualité de la semaine tout en grugeant la part du marché d'Elle France, et qu'on se croise les doigts pour un lectorat dans la fleur de l'âge de la consommation (25-45 à vue d'oeil), quelle est la première règle d'or à suivre? Je vous le donne en mille: prendre ses distances avec le féminisme. Au plus vite.

Dans Jasmin, un nouvel hebdo d'un raffinement inouï, l'éditorial est signé par un homme. Hum. Un point de vue féminin sur l'actualité, vous avez dit? Et que raconte cet écrivain, ce François Bégaudeau? Que mine de rien, depuis cent ans, les femmes sont au coeur de "la plus grande révolution politique de l'histoire du monde". Écoutez: "Ça ne se passe ni à l'Élysée ni à l'ONU, mais dans les maisons, dans les rues, en boîte de nuit. Partout les femmes, les nanas, les gonzesses et autres meufs* explorent les potentialités sécrétées par leur corps (= les possibilités qu'implique le fait d'être en vie). Longtemps l'accès à la vie et à son opérateur, le corps, a été interdit aux femmes. Puis, détournant l'attention du gardien par un strip-tease, elles ont volé la clé, ouvert la porte et découvert en elles des trésors d'intelligence, d'orgasme et d'humour."


Oubliez ça, femmes, la politique et les relations internationales! Pourquoi embarrasser votre jolie petite tête de concepts si ennuyants quand vous pourriez donner et recevoir du plaisir pendant ce temps! Car oui, le vrai pouvoir, celui de M. Bégaudeau, c'est celui qui passe par le cul. Pourquoi prendre des cours de droit quand vous pourriez suivre des classes de danse poteau?

* pour mes lecteurs anglos: expressions familières ou argotiques pour désigner les femmes en France.

Autre perle dans le même magazine (suivez la logique): l'article Ségolène, la revanche d'une femme blessée? Le compte rendu d'un livre où deux journalistes, femmes de surcroît, insinuent que Ségo a fait campagne par vengeance envers son mari. "L'irrésistible ascension d'une femme dans la course à L'Élysée cachait donc la revanche d'une compagne délaissée, qui a voulu faire payer le prix fort à son homme, surpris un jour de septembre 2005 en flagrant délit de papillonnage avec la journaliste trop jolie et trop vive d'un grand hebdomadaire."

Ségolène Royal, Angela Merkel, Michelle Bachelet : toutes des mal baisées.

Pauvre Ségo. Au moins aux États-Unis, on ne réduit pas la campagne d'Hilary à une simple histoire d'humiliation publique à cause de la grosse Lewinsky.

***

Dans un tout autre ordre d'idées, Paris Hilton a été libérée de prison aujourd'hui tout juste après trois jours derrière les verrous, alors qu'elle aurait du en avoir pour 40 (jours). La cause? Des "raisons de santé". Mamzelle l'héritière va donc purger sa peine à la maison, qu'on imagine fort inconfortable et contraignante. Nous sommes tous égaux, disiez-vous? Elle est bien bonne.

Et on ne donne même pas les explications exactes quant à ses problèmes de santé. Muta suggère: "elle avait ses règles".