dimanche 1 avril 2007

La fin des choses

Mises à mort- de Suzanne Myre

J'ai lu ce recueil de nouvelles plus tôt cette semaine, pour l'unique raison qu'on était un mardi. Les mardis, tout le monde le sait, c'est jour de romans. Ç'aurait dû être le jour où j'enverrais des c.v., m'enfin. Le soleil brillait trop fort pour ça, et ça sentait le printemps à plein nez, alors les c.v....

J'ai commencé par une nouvelle, un chien saucisse va dans un parc avec sa maîtresse et faillit mourrir écrasé par un pratiquant de tai-chi, ça m'a tout de suite plu. Puis une autre, où une femme règle sa mort au quart de tour et en laissant la maison propre derrière elle. Et une autre encore, Bérénice et Tristan, Tristan et Bérénice, une histoire d'amour qui avorte quand les deux enfants collent leur langue sur un poteau gelé, l'hiver.

C'est qu'il y a plein de petites et de grandes morts dans ces nouvelles de Suzanne Myre. Quand je lui ai parlé au téléphone, pendant son heure de dîner à l'hôpital où elle travaille, elle m'a dit que c'était parce qu'elle aimait que les choses finissent. Qu'elle ne comprenait pas d'où venait ce besoin qu'ont les gens de tout étirer. Elle disait ça sur un débit ultra-rapide, on voyait tout de suite d'où venait l'efficacité compacte de ses nouvelles...

Des nouvelles un peu à l'américaine, avec un univers visuel peint par petites phrases simples, loin de l'ampoule littéraire et des tournures alambiquées. Des mots tout simples où se glisse une "inquiétante étrangeté" , une bizarrerie qui evahit le familier (comme quand une femme apporte l'urne contenant les cendres de sa mère à sa session de psychanalyse). Pas étonnant que Suzanne Myre ait beaucoup lu et aimé Raymond Carver, le grand nouvelliste dont les écrits ont donné naissance au Shortcuts de Robert Altman.

Comment fait-elle pour ne pas tomber dans la morbidité avec tout ça? Je ne sais pas. C'est peut-être que son humour survit dans toute son acidité. Petits bonbons doux-amers, ces nouvelles qui composent Mises à mort.

Il paraît qu'on lui demande toujours, à Suzanne Myre, quand est-ce qu'elle écrira enfin un roman (elle a cinq recueils de nouvelles derrière elle). Elle s'insurge un peu, trouve que la "nouvelle est l'enfant pauvre de la littérature au Québec". C'est faire abstraction de la poésie, mais passons. (La poésie m'emmerde de toute façon.) Moi, ce que je voudrais vraiment savoir, c'est si elle écrira un jour un scénario. Avec beaucoup de personnages et beaucoup de morts, si possible...

1 commentaire:

muta a dit…

Moi non plus je n'aime pas la poésie.