lundi 30 avril 2007

Sac d'épicerie

Vie et mort chez les blogueurs. Depuis quelques semaines, je suis en deuil. Du blog de Mère Indigne qui n'est plus, et de celui d' Emi, qui a écrit des centaines de lettres à un certain Marc Jacobs. Ah, Marc! À ta place, j'aurais fait un petit effort... C'est pas tous les jours qu'on reçoit d'aussi jolies lettres. Depuis la mort violente de ces blogs, j'en cherche d'autres à aimer. Oh, bien sûr, j'ai mes arrêts obligatoires. Mais il m'en faut plus. Il me faut de la constance, de l'humour, des nouveaux updates à tous les deux jours, de la coquetterie, des chaussures, du sexe et du sang. J'ai trouvé (en partie): cher Lecteur, je te présente La Coquette et Petite Anglaise. Petite Anglaise et Coquette, voici Lecteur. Je crois que vous vous plairez ensemble.


Je me suis aussi rendue compte. Que. Il est révolu, le temps où les gens qui avaient dix ans de moins que moi étaient encore au primaire. Maintenant, ces gens écrivent, font des blogs et se ramassent tellement plus de commentaires que moi, dix ans plus vieille et tellement plus mature... non? Oui bon d'accord, faut pas se juger d'après le nombre de commentaires que l'on récolte, n'empêche que... avouez?... c'est dur. Surtout quand la
blogueuse en question a 15 ans. Dans le même ordre d'idée (la vieillesse), acceptez-le une fois pour toutes: je ne m'inscrirai pas à ce machin de Facebook. Non, non et non. Je ne fréquente pas les endroits où je suis la matrone.

Des escortes diplômées... et le scandale. Encore une histoire de sexe à Washington. Randall Tobias, un ancien coordonnateur de la lutte contre le sida aux États-Unis, grand pourvoyeur de fonds pour le parti républicain, a avoué avoir eu recours aux services de "massage" proposés par une agence d'escorte haut de gamme. Le genre qui n'enmploie que des filles qui ont au moins un Bac universitaire. Mais est-ce pour discuter de philosophie que M. Tobias a fait appel auxdits services? Ou était-ce plutôt pour faire profiter une jeune âme égarée de ses discours sur l'abstinence comme méthode de lutte contre le sida? Quelle belle finale. Quelle magnifique façon de ne pas joindre l'acte à la parole. Toute l'histoire à lire ici.


Présentez-moi ce traducteur.
Libé rapporte aujourd'hui qu'un traducteur américain s'est amusé aux dépens de Sarkozy et je trouve ça très, très drôle. Ça se passe dans un discours télévisé au cours duquel Sarko invite les Français à "s'unir à moi" (lui, pas moi). Traduction: ... rally my inflated ego. Le traducteur a été licencié. Il y a des gens qui n'ont pas d'humour. Et il y en a d'autres qui n'ont pas de rigueur. Mais beaucoup de fantaisie.


Le Sanjaya français.
Parlant de fantaisie, vous devez voir ça. Un rejeton de la Nouvelle Star française, équivalent du American Idol (mais que s'est-il passé avec la Star Ac'?). Le mec est vraiment bon. Ses jeans sont vraiment petits. Et sa version de Like a virgin, vraiment jouissive. Je suis complètement fan.


dimanche 29 avril 2007

Molière au téléphone

Au commencement, il y eut moi: un être lunatique, larvaire et totalement dépourvu de l'esprit d'aventure qui caractérise les grands explorateurs ou les inventeurs. Puis il y eut les téléphones cellulaires. Entre nous deux, un abîme d'incompréhension qui ne devait jamais être comblé.
Prenez hier. Il (mon cellulaire) m'a infligé la pire humiliation à date. Ça faisait des mois que je ne pouvais plus faire d'appels, et que je ne pouvais qu'en recevoir. Pourquoi? Lui seul le sait. J'avais tout essayé, allumer, éteindre, je m'étais même rendue à une boutique Rogers où ils ont essayé les mêmes trucs que moi. En vain. Et là, hier, je me rends au sous-sol du Simons, là où j'ai fait déverrouiller le téléphone. Faites quelque chose, que je leur dis, c'est de votre faute. Alors ils sortent la carte sim, ils la remettent, ils essaient de faire un appel. Et ça marche.
Je vous jure que j'avais essayé le même truc, exactement le même, pendant des mois.
C'est juste que j'avais une mauvaise vibe, et les téléphones sentent ça. Il faut respecter le téléphone, son mystère et son infinie puissance.
Respect the knife, disait un poissonnier à mon premier amoureux quand il travaillait à étriper des poissons au sous-sol de l'épicerie Atlantique. You've got to respect the knife. Mon amoureux, qui avait toute l'arrogance de sa jeunesse, a ri. Puis il s'est blessé au pouce, bien comme il faut.
Il y a une leçon à tirer de tout ça. 1. ne jamais travailler comme videur de poissons au sous-sol de l'épicerie Atlantique 2. accepter la domination des objets sur nos vies.
***
Une leçon de jeu
Faites le cheval, dit Romain Duris à Fabrice Lucchini, qui le regarde de ses grands yeux bleus faussement éberlués. Vous n'êtes pas sérieux. Si. Alors Lucchini se met à hennir et piaffer, dans une imitation qui tient autant du chat hystérique que du cheval schizophrène. Ça ne va pas, la gueule du prof de théâtre (Duris) est éloquente là-dessus. Quel cheval faites-vous monsieur? Ou bien prétendez-vous faire tous les chevaux en un seul? Là-dessus, c'est Duris qui commence à trotter, à jeter sa crinière noire d'un côté et de l'autre, à mettre fièrement une patte devant l'autre (il fait un cheval arrogant), à traîner lourdement son corps massif (il fait un cheval solide et travaillant), à sautiller coquettement (il fait un cheval parisien).
Fascinante leçon de jeu donnée par un acteur à un autre, qui de surcroît le dépasse (l'âge, l'âge...).
Vraiment, Molière est un petit film délicieux sur le jeu, le cinéma, la comédie, la reconnaissance. Si ce n'était de sa fin cucul, de Ludivine Sagnier, des faux ongles de Mme Jourdain et de cette horrible perruque + moustache dont on a affublé Romain Duris, je vous dirais de courrir le voir. Que dis-je, une fin cucul? C'est tout le dernier quart du film qui est cucul. Mais les trois premiers en valent la peine.

dimanche 22 avril 2007

L'homme est un loup pour le loup (etc.)

Quand-même, ils sont fous ces Anglais. Et qu'on ne vienne pas me dire que la télévision québécoise est la meilleure au monde (N.D.L.R.: affirmation très répandue parmi les artisans de la TV quebs), parce qu'on est clairement à des années-lumière des Britanniques. La dernière émission que j'aurais aimé voir: "A Man among Wolves", sur un ancien garde-chasse qui a été adopté par une meute de loups. Ç'a l'air beau à voir: ils lui lèchent les lèvres, il fait de même avec leur museau. Il joue avec les petits. Ils chassent ensemble. Il mange la bête avec eux. La seule chose qu'il ne fait pas, c'est fricoter avec des louves (il n'y en a pas dans la meute). Apparemment sa femme et ses enfants- humains- l'ont quitté à cause de ses nouvelles "fréquentations". Il y a plein de mauvaises blagues que je pourrais faire sur le sujet, mais je vous les épargne.




Y me semble que je me verrais bien, de mon côté, gambader avec une gang de biches dans une savane africaine. Chacun son style.
***
J'ai découvert deux super revues la semaine dernière. Pour toi, lectrice: si tu aimes la mode mais que tes idées puisent dans le réservoir du féminisme, BUST réconciliera tes penchants schizophréniques. Pas facile, ces temps-ci, d'adorer les tenues du dernier défilé Chanel en essayant de faire abstraction du fait que les filles qui les portent ont 15 ans. Je lisais ça dans le dernier numéro du Elle Québec, dans une entrevue avec des pédophiles (!): "Je regarde les filles de 13-14 ans dans les magazines, disait en substance un témoin désaxé sous couvert de l'anonymat. Vous savez, même maquillées et habillées comme des femmes, nous on les reconnaît." Y a quèque chose de pourri dans le merveilleux monde de la mode.



Alors pour toutes les filles majeures et vaccinées, voici BUST:


C'est bien fait, c'est drôle, c'est assumé. Et le shooting mode est super joli, très sixties, très mod.


Enfin, pour vous, lecteurs et lectrices : un magazine tout nouveau, tout chaud: Monocle. Sur leur site web, ils destinent la revue à tous les lecteurs désabusés. Ils disent aussi qu'ils créeront sous peu une communauté d'intérêts regroupant les gens les plus intéressants du monde. Je les crois: Monocle a été fondé par M. Wallpaper, le French-Canadian Tyler Brûlé. Vous croyez que j'ai des chances avec M. Brûlé?


Je veux des votes:

  • Tyler Brûlé est gai et il ne t'invitera jamais à prendre un verre
  • Tyler Brûlé est gai, mais il t'invitera quand-même à prendre un verre pour des raisons obscures que tu ne comprendras jamais
  • Tyler Brûlé est gai, mais il mourra du cancer de la peau du aux rayons UV des cabines de bronzage, avant d'avoir pu t'inviter à prendre un verre

Alors, Mon'oncle lui-même: un Wallpaper business plus politisé que l'original. Vous aimerez la perspective globale. Ça se promène à qui mieux mieux entre Tokyo, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l'Inde, l'Allemagne... On nage en plein village global, c'en est presque épeurant. Appris, dans cette deuxième édition très très chic (vous adorerez le design, vous vendrez votre mère pour le papier et la qualité d'impression): quelques petits faits cocasses mais assez anecdotiques. Par exemple, en Arabie Saoudite, les femmes n'ont toujours pas le droit de conduire, mais elles folles de voitures. C'est LE nouveau marché pour les concessionnaires automobiles. Il faut qu'elles aient une voiture pour les piques-niques avec les enfants; une pour aller chez leurs copines; une pour sortir avec leur mari, une pour toute la famille. C'est sans compter les deux qui appartiennent au mari lui-même. L'auto est, pour la Saoudienne, ce que la paire de Blahniks est pour la New-Yorkaise. Sauf qu'elle ne peut la chausser que par chauffeur interposé.

Et puis, d'un point de vue culturel (parce qu'ici, n'est-ce pas, on parle de culture- voir le titre du blog): apparemment, le nouveau phénomène japonais de l'édition, c'est les livres sur téléphone cellulaire. Une industrie d'environ 80 millions de dollars par année. C'est pratique: on peut lire un chapitre entre quelques stations de métro, c'est léger, ça rentre dans tous les sacs à main. Une nouvelle forme littéraire est née! Je leur suggère une liste de titres qui me paraissent incontournables: Le tueur au Samsung X426 (polar), Les amants du Nokia 6300 (romance), Comment rencontrer l'âme soeur en cinq textos (psycho-pop), et bien sûr La vie sur les ondes: fréquentations et pratiques sociales à l'ère de la téléphonie cellulaire (essai).

mercredi 11 avril 2007

La Littérature avec un grand Elle

Aaaaaaaaaah....

Ce cri de plaisir, ce rictus de la gorge, ce soupir de sensualité, cette petite note de lubricité s'échappe de mes lèvres humides au moment même où l'intention de vous parler des nouvelles tendances en romans à l'eau de rose se fait plus pressante que jamais. Car oui! IL Y A des sous-genres à ce sous-genre de la littérature (avec un tout petit tout petit L). Vous pensiez qu'on en était encore aux histoires de pirates sexy, de contes Rodrigue de Roquefort, de sheikhs puissants et d'hommes d'affaires expérimentés? Oh queue non, les amis. Esclave de ses désirs, Pirate de mon coeur, Kidnappée pour l'amour et La mystérieuse maîtresse du magnat de la presse seront peut-être bientôt choses du passé.

Voici donc, en grande avant-première, le dévoilement des nouvelles tendances printemps-été chez la maison Harlequin!

1. Les romans d'amour de vampires
Il fallait trouver un contexte pour rendre une histoire d'amour vraiment éternelle, ben voilà qui est fait. Il paraît d'ailleurs que la "vampire chick lit" est LE courant hot de l'heure. Sur Amazon, toute une sexion (sic) leur est dédiée. Le public cible? Les jeunes mères, les adeptes de sexe menstruel (oui, oui, c'est un sous-genre de porno et ça s'appelle le "Period Porn"**) et les fans du magicien Criss Angel, qui a de toute façon l'air d'un crossover entre Fabio et Metallica.
Exemple (remarquez le brushing parfait):


Hum. Vous trouvez pas qu'il me ressemble vaguement? C'est un peu troublant.

2. Les romans d'amour NASCAR

Incroyable, mais vrai. Voyez par vous-mêmes:

Ils viennent plus vite que l'éclair! (hehe)

3. La collection Blouses Blanches

Ça se passe dans le merveilleux monde des médecins et des infirmières. Ils se rencontrent autour d'un tibia fracturé, d'une main coupée ou d'une épidémie de gastro-entérite. Les gardes de nuit ne seront plus jamais les mêmes! Yee-haw!


** Comment ça se fait que je sais ça? C'est une amie d'une amie d'une amie d'une amie d'une voisine dans un pays éloigné qui m'a dit ça.

*** Meuh non. Il se trouve que j'étais avec une amie, et que nous recherchions avec ferveur des films pornos destinés à un public féminin sur le web. Ne trouvant rien, nous avons voulu essayer le genre "robe longue, corset, bas jarretelles, elle est la princesse du château et elle a une scène de sexe torride avec le palefrenier (bien entendu, elle garde son corset et ses jupes, parce que c'est beau)". Était-ce trop demander? Il semble que oui, car dès que nous entrâmes en anglais l'expression "period porn" dans le moteur de recherche, nous nous retrouvâmes avec des titres oh combien inattendus...

dimanche 8 avril 2007

Pâques chez les Serbes


Les calendriers lunaire et solaire s'étant cette année miraculeusement accordés, les Orthodoxes fêtent Pâques en même temps que les Catholiques, c'est-à-dire aujourd'hui. La conséquence logique qui en découle a été ma présence à l'Église serbe, pour un petit goûter en famille(s) dans le sous-sol communautaire. Imaginez le paysage: partout, des madames habillées chic qui se retiennent à grand-peine de me pincer les joues, car je suis le rejeton de ma mère et j'ai été présentée comme tel; bien entendu, j'ai dépassé l'âge du pinçage de joues depuis au moins 15 ans, ce qui oblige les bonnes dames à contrôler leurs doigts volatiles et à me tenir la main longtemps. Longtemps. Longtemps. C'est là que se manifeste cet inexplicable mystère de la vie. Comment se fait-il que je ne replace AUCUNE de ces dames alors qu'elles semblent toutes si émues de me (re)voir? Peut-être s'est-on déjà rencontrées, peut-être m'ont-elles connu petite, peut-être ma figure leur rappelle-t-elle celle d'une parente aimée et disparue en mer? Je ne comprendrai jamais.

Dans la foulée, j'ai même rencontré une dame un peu extravagante, avec un grand chapeau noir et un col roulé agrémenté d'une croix. Ce n'était pas ce qu'on appelle "a flirty spring look", mais bon. Elle avait l'air émue elle aussi quand, avec des yeux tout pleins d'émotion, elle m'a glissé qu'elle avait mis une petite clause pour moi dans son testament. (Je vous le rappelle: je ne l'avais jamais vue de ma vie.)


Tout ce beau monde frayait donc avec bonhomie dans le sous-sol de l'église, prêt à festoyer avec appétit sur des oeufs durs (tout le monde, en effet, avait amené les siens, décorés à qui mieux mieux).
N.B.: La coutume veut que vous fassiez des batailles d'oeufs durs, c'est-à-dire que votre adversaire et vous entrochoquez le cul et le nez de vos oeufs respectifs. Celui dont l'oeuf casse en premier doit le manger. Un oeuf froid depuis longtemps. Beurk.


Et c'est là qu'un après-midi gris et froid dans un sous-sol d'église a pris une toute autre tournure, parce que:
1. Il n'y avait plus de place pour nous aux tables, ce qui nous a forcés à aller bruncher au resto. Accompagnés du cousin de mon père et de sa famille.
2. Le cousin de mon père accueillait sa soeur en visite pour le week-end.


Cette soeur (ma... tante? Au 2e degré?) m'a redonné confiance aux arbres généalogiques, je ne vous dis que ça. D'abord, c'est une chanteuse de taverne. OK, je n'ai plus 8 ans pour me vanter de ça, mais qui d'entre vous peut dire qu'il a une tante chanteuse de taverne? Elle connaît toutes les chansons folk serbes composées dans les 60 dernières années, au moins! Avec ça, elle vous a une voix rauque comme pas possible et des gros cheveux noirs qui ont déjà connu les joies d'une permanente. Les lèvres peintes d'un mauve tellement mauve, que plus mauve que ça... tu vires sur le violet électrique. Elle a parlé avec sa belle voix grave qui a beaucoup fumé, beaucoup fêté, beaucoup chanté, elle a ri d'un rire de gorge magnifiquement fort, et elle a raconté des histoires. Lentement, posément, avec une autorité naturelle sur son auditoire (la pratique...).


Je suis complètement fan. J'ai 8 ans, bis. Pincez-moi les joues, quelqu'un!

mardi 3 avril 2007

Le one-click butter cutter 2007


Il paraît que ç'a pris quelque chose comme 60 prototypes avant de mettre au point LE modèle de beurrier. Celui qui coupe votre beurre en un seul click tout propre, sans que vous ayez à salir vos mains et/ou un couteau. Et devinez quoi? Si vous placez votre commande maintenant, vous en aurez deux pour le prix d'un (34,95$ US)!
J'hésite entre l'admiration démesurée pour le designer Paul Wilhelm (quel sens de l'absurde! quel don pour l'ironie faut-il avoir pour concevoir si horrible objet en plastique jaune et blanc! quelle audace mordante pour rire aussi franchement des gens dans leur face!) et un rire moqueur bien gras (pauvre mec! se faire chier avec 60 prototypes avant de pondre une chose aussi laide!). Réflexion faite, je classe cette inovation dans ma Galerie des Horreurs personnelle. En ricanant.

lundi 2 avril 2007

Des idées pour Mario Dumont

Encore un délire nationaliste de Sarkozy, mais celui-ci nous touche peut-être de plus près dans nos douillets replis identitaires de Québécois. Car il concerne la LANGUE FRANÇAISE.
(musique d'orgue)

La dernière idée de celui qui, un jour, a partagé son nom avec une souris qui faisait la loi dans mon appartement de Saint-Germain-des-Prés? Imposer la réussite d'un examen de français à tous les immigrants. En cas d'échec, il pourrait y avoir non-renouvellement du titre de séjour. Ouste, l'étranger! Dehors, l'analphabète! Voici ce que Sarko en pense: "Je souhaite que l'immigré en situation régulière ne puisse faire venir sa famille que dans la mesure où celle-ci a appris, avant de pénétrer sur notre territoire, à parler le français."

Pas de bol pour Sarko, les ex-colonies de la France sont nombreuses; et aux dernières nouvelles, le français y est encore largement répandu...

Autre condition, précise Libé: «que l'on ne puisse pas s'installer durablement en France sans se donner la peine d'écrire et de parler le français». Étrange. Dans le pays des croissants au beurre, je n'ai personnellement jamais rencontré un seul Chinois, un seul propriétaire de dépanneur ou un seul vendeur de soupes miso, qui ne maîtrisât pas suffisamment la langue de Molière... Mais je n'ai peut-être pas été assez sensible au grand danger qui guette les citoyens de souche, épiés de toutes parts par une armée d'immigrants fainéants qui ne cherchent qu'à profiter des largesses du système français.

Une suggestion pour disposer de tous ceux qui échouent à ce test: envoyez-nous les ici. Je suis sûre qu'ils en apprendraient quand-même à certains Québécois, à en juger par la standing ovation récoltée par Jacques Demers à Tout le monde en parle. Nous avons ici un ancien coach du Canayen, celui-là même qui a mené l'équipe vers sa dernière coupe Stanley à ce jour; un homme qui a avoué dans une biographie avoir été analphabète une grande partie de sa vie; un homme, enfin, devenu commentateur sportif qui intervient à la radio et signe -!- des chroniques dans le Journal de Montréal. Attendez, je recommence au début: c'est l'histoire d'un analphabète qui...

dimanche 1 avril 2007

La fin des choses

Mises à mort- de Suzanne Myre

J'ai lu ce recueil de nouvelles plus tôt cette semaine, pour l'unique raison qu'on était un mardi. Les mardis, tout le monde le sait, c'est jour de romans. Ç'aurait dû être le jour où j'enverrais des c.v., m'enfin. Le soleil brillait trop fort pour ça, et ça sentait le printemps à plein nez, alors les c.v....

J'ai commencé par une nouvelle, un chien saucisse va dans un parc avec sa maîtresse et faillit mourrir écrasé par un pratiquant de tai-chi, ça m'a tout de suite plu. Puis une autre, où une femme règle sa mort au quart de tour et en laissant la maison propre derrière elle. Et une autre encore, Bérénice et Tristan, Tristan et Bérénice, une histoire d'amour qui avorte quand les deux enfants collent leur langue sur un poteau gelé, l'hiver.

C'est qu'il y a plein de petites et de grandes morts dans ces nouvelles de Suzanne Myre. Quand je lui ai parlé au téléphone, pendant son heure de dîner à l'hôpital où elle travaille, elle m'a dit que c'était parce qu'elle aimait que les choses finissent. Qu'elle ne comprenait pas d'où venait ce besoin qu'ont les gens de tout étirer. Elle disait ça sur un débit ultra-rapide, on voyait tout de suite d'où venait l'efficacité compacte de ses nouvelles...

Des nouvelles un peu à l'américaine, avec un univers visuel peint par petites phrases simples, loin de l'ampoule littéraire et des tournures alambiquées. Des mots tout simples où se glisse une "inquiétante étrangeté" , une bizarrerie qui evahit le familier (comme quand une femme apporte l'urne contenant les cendres de sa mère à sa session de psychanalyse). Pas étonnant que Suzanne Myre ait beaucoup lu et aimé Raymond Carver, le grand nouvelliste dont les écrits ont donné naissance au Shortcuts de Robert Altman.

Comment fait-elle pour ne pas tomber dans la morbidité avec tout ça? Je ne sais pas. C'est peut-être que son humour survit dans toute son acidité. Petits bonbons doux-amers, ces nouvelles qui composent Mises à mort.

Il paraît qu'on lui demande toujours, à Suzanne Myre, quand est-ce qu'elle écrira enfin un roman (elle a cinq recueils de nouvelles derrière elle). Elle s'insurge un peu, trouve que la "nouvelle est l'enfant pauvre de la littérature au Québec". C'est faire abstraction de la poésie, mais passons. (La poésie m'emmerde de toute façon.) Moi, ce que je voudrais vraiment savoir, c'est si elle écrira un jour un scénario. Avec beaucoup de personnages et beaucoup de morts, si possible...

Cliché, quand tu nous tiens

Sur le bureau de mon coloc, qui fait son stage d'assistant-professeur dans une école, le texte d'une élève. On lui avait demandé d'inventer un héros, voici ce qu'elle a trouvé:

"Mon personnage: elle se nomme Princesse. Elle aime beaucoup magasiner et être avec ses amies. Princesse mesure environ 5'4". Elle est mince et elle arbore une poitrine épanouie. Ses lèvres sont pulpeuses et elle a un sourire éclatant. (...) Mon héroïne porte une camisole moulante rose fluorescent, des jeans moulants bleu foncé avec des souliers ballerines noirs, elle a une bague à la main droite et une chaîne en argent."

Côté super-pouvoirs, Princesse est redoutable: "Princesse est très courageuse, elle aime partir à l'aventure avec ses amies. Lorsque la tension est au maximum, Princesse joue nerveusement dans ses cheveux."

En tout cas, si la terre se fait envahir par une redoutable armée d'extra-terrestres mangeurs d'hommes, c'est Princesse que je veux pour me protéger!

Quand-même, c'est un peu fou que l'idéal féminin d'une jeune fille de 15 ans soit une petite fille riche au corps de porn star vêtue de skinny jeans...

Paris, tu as créé un monstre!