dimanche 8 avril 2007

Pâques chez les Serbes


Les calendriers lunaire et solaire s'étant cette année miraculeusement accordés, les Orthodoxes fêtent Pâques en même temps que les Catholiques, c'est-à-dire aujourd'hui. La conséquence logique qui en découle a été ma présence à l'Église serbe, pour un petit goûter en famille(s) dans le sous-sol communautaire. Imaginez le paysage: partout, des madames habillées chic qui se retiennent à grand-peine de me pincer les joues, car je suis le rejeton de ma mère et j'ai été présentée comme tel; bien entendu, j'ai dépassé l'âge du pinçage de joues depuis au moins 15 ans, ce qui oblige les bonnes dames à contrôler leurs doigts volatiles et à me tenir la main longtemps. Longtemps. Longtemps. C'est là que se manifeste cet inexplicable mystère de la vie. Comment se fait-il que je ne replace AUCUNE de ces dames alors qu'elles semblent toutes si émues de me (re)voir? Peut-être s'est-on déjà rencontrées, peut-être m'ont-elles connu petite, peut-être ma figure leur rappelle-t-elle celle d'une parente aimée et disparue en mer? Je ne comprendrai jamais.

Dans la foulée, j'ai même rencontré une dame un peu extravagante, avec un grand chapeau noir et un col roulé agrémenté d'une croix. Ce n'était pas ce qu'on appelle "a flirty spring look", mais bon. Elle avait l'air émue elle aussi quand, avec des yeux tout pleins d'émotion, elle m'a glissé qu'elle avait mis une petite clause pour moi dans son testament. (Je vous le rappelle: je ne l'avais jamais vue de ma vie.)


Tout ce beau monde frayait donc avec bonhomie dans le sous-sol de l'église, prêt à festoyer avec appétit sur des oeufs durs (tout le monde, en effet, avait amené les siens, décorés à qui mieux mieux).
N.B.: La coutume veut que vous fassiez des batailles d'oeufs durs, c'est-à-dire que votre adversaire et vous entrochoquez le cul et le nez de vos oeufs respectifs. Celui dont l'oeuf casse en premier doit le manger. Un oeuf froid depuis longtemps. Beurk.


Et c'est là qu'un après-midi gris et froid dans un sous-sol d'église a pris une toute autre tournure, parce que:
1. Il n'y avait plus de place pour nous aux tables, ce qui nous a forcés à aller bruncher au resto. Accompagnés du cousin de mon père et de sa famille.
2. Le cousin de mon père accueillait sa soeur en visite pour le week-end.


Cette soeur (ma... tante? Au 2e degré?) m'a redonné confiance aux arbres généalogiques, je ne vous dis que ça. D'abord, c'est une chanteuse de taverne. OK, je n'ai plus 8 ans pour me vanter de ça, mais qui d'entre vous peut dire qu'il a une tante chanteuse de taverne? Elle connaît toutes les chansons folk serbes composées dans les 60 dernières années, au moins! Avec ça, elle vous a une voix rauque comme pas possible et des gros cheveux noirs qui ont déjà connu les joies d'une permanente. Les lèvres peintes d'un mauve tellement mauve, que plus mauve que ça... tu vires sur le violet électrique. Elle a parlé avec sa belle voix grave qui a beaucoup fumé, beaucoup fêté, beaucoup chanté, elle a ri d'un rire de gorge magnifiquement fort, et elle a raconté des histoires. Lentement, posément, avec une autorité naturelle sur son auditoire (la pratique...).


Je suis complètement fan. J'ai 8 ans, bis. Pincez-moi les joues, quelqu'un!

2 commentaires:

muta a dit…

AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHHAHAH HAHAHAHA HAHA
oh les oeufs qui s'entrechoquent le cul et vlan et paf HAHAHAHHAHAHAH AHAH et les vieilles femmes si, elles, elles voulaient te pincer les joues, imagines comment le curé, lui, voulait te pincer les fesses!!

DJ Ogo a dit…

merci ma chérie, y a que toi qui me comprends.