jeudi 14 juin 2007

Le nouveau Michael Moore

Je viens de revenir d'une projection de presse (yé!) de Manufacturing Dissent, un film canadien sur la "méthode" Michael Moore. Vous savez, le style Moore: le montage dramatique, les libertés avec la chronologie (déplacer des événements pour un effet plus punché), les citations hors contexte. Tout cela se justifiant, selon le cinéaste, par le fait qu'il réussit à faire à la fois un bon film et à dire la vérité.

Bon. Il faut dire que j'ai d'abord pris Manufacturing Dissent avec un grain de sel. Oui, les méthodes de Michael Moore sont douteuses, mais est-ce qu'on ne peut pas les pardonner quand ses films réussissent à faire ce que des documentaires plus scrupuleux ne font pas, c'est-à-dire faire courir les foules? Même s'il y a à y redire, ne met-il pas le doigt sur des réalités autrement plus importantes? N'est-il pas une voix essentielle à la gauche, une voix qui porte- chose si rare dans le monde médiatique américain, où on est accusé d'antiaméricanisme dès qu'on ose critiquer l'administration Bush?

Et puis, et surtout: Manufacturing Dissent donnera-t-il des armes à la droite?

Peut-être. Mais cela ne lui enlève pas son intérêt. Ironique de voir comment la réalisatrice emprunte elle-même quelques recettes à Michael Moore pour faire elle-même un documentaire punché. Elle est dans son propre film, elle utilise la narration, le montage rythmé. On se sent comme dans un remake de Roger&Me, où Moore racontait ses tentatives infructueuses de confronter le président de General Motors, Roger Smith. Ici aussi, la réalisatrice essaie à maintes reprises d'interviewer Michael Moore. Ici aussi, elle se fait hypocritement rabrouer.

On sort de ce film avec la désagréable impression que Moore est devenu le genre de "preacher" qu'il dénonçait. Le genre qui détient la vérité toute infuse. Il est debout, devant une foule électrifiée: l'administration Bush ne nous dit pas toute la vérité, crie-t-il. C'est aux médias de faire leur travail, de déterrer les faits et de poser les bonnes questions, dit-il encore. Ne nous laissons plus manipuler.

En effet.

***

Une petite déception: le titre est très pertinent, certes, mais avec cette allusion à Noam Chomsky, je m'attendais à plus. Plus qu'une entrevue dont on a entendu une seule phrase, quelque chose à propos de la presse libérale aux États-Unis, unie comme une seule personne. Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de commentaires de la part de quelqu'un qui a directement inspiré le titre du film.

Pour la petite histoire, il y avait d'autres journalistes que moi à cette projection de presse. Des dames de Radio-Canada, d'après ce que j'ai pu voir, avec lesquelles j'ai pissé en coeur après le film. (Pardonnez ma vulgarité.) À ce propos: Odile Tremblay a l'air originale; Francine Grimaldi sent très fort un parfum musqué; et Marie-Christine Trottier est étonnamment sexy et pigeonnante (je parle de son déc0lleté). C'était pour vous donner une impression des coulisses.

2 commentaires:

LE a dit…

Not to mention the fact that Michael Moore made it possible for so many modern documentaries -- including 'Manufacturing Dissent' -- to find an audience at all. Before Fahrenheit 9/11, when was the last time a documentary got wide release (and went on to make millions)?

Lady N a dit…

tell it like it is, brock