jeudi 11 janvier 2007

Leçons d'estime de soi par Tyra Banks (qui, elle, s'estime beaucoup)

Vanity Fair est en train de devenir mon magazine pré-fé-ré, malgré les mots compliqués en anglais et ma paresse à aller chercher le dictionnaire.

Leurs portraits sont parmi les meilleurs que j'ai lus, avec ceux de Nathalie Petrowski qui, c'est vrai, "écrit comme une déesse" quand il s'agit de croquer quelqu'un sur le vif (Caroline Néron doit encore en faire des cauchemars...).

Mais jetez un coup d'oeil sur l'article à propos de Tyra Banks dans l'édition de février: A Model Mogul. How Tyra Banks Catwalked Her Way From Mannequin To Mogul, c'est du Vanity Fair à son meilleur: critique, baveux, fouillé.

Miss Banks est une grande gueule qui se croit tout permis parce qu'elle a réussi à la télé (malgré le fait qu'elle soit noire) et qu'on la prend au sérieux (malgré le fait qu'elle soit devenue célèbre en soutien-gorge Victoria's Secret). Ça vaut la peine de la voir engueuler une participante à America's Next Top Model qui a l'air d'avoir 17 ans et pas d'avenir, avec un regard fermé et déjà en colère contre la vie. La petite est d'une espèce de beauté fragile qui ne lui sert sans doute à rien dans son bled perdu, et elle a eu le malheur de faire comme si elle s'en foutait quand elle a été éliminée, comme le font tous les abonnés précoces aux échecs. Voyez la réaction (un tantinet démesurée) de Tyra.

Le plus drôle, c'est que Banks anime un nouveau talk show calqué sur le modèle d'Oprah et The View, le genre de truc où l'animatrice dit "eille les filles, je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai de la cellulite comme pas possible" alors qu'elle est roulée comme une bombe, juste pour donner l'illusion qu'elle est comme VOUS, oui oui, VOUS qui mangez vos chips devant la télé, qui ne faites pas d'exercice et qui êtes célibataire depuis trois ans. Tyra va même jusqu'à parler de ses pets, un peu comme Céline qui parle de ses menstrues à n'importe quel intervieweur, sauf que là ça passe mieux parce que Tyra, elle, est magnifiquement belle et qu'elle ne cherche qu'à vous faire réaliser qu'au fond, elle est humaine.

C'est tellement tiré par les cheveux que les Américaines y croient profondément, comme elles croient sans broncher à la philanthropie sans arrière-pensées d'Oprah qui ouvre une école pour les petites Africaines et à l'abnégation de Brangelina qui n'a pas fini de s'impliquer et de défendre le plus faible.

Je crois qu'elles (les Américaines) y croient parce qu'ils (les célèbs) y croient, et ils y croient parce que dans leur grande naïveté ils n'imaginent pas un autre système que leur système, une autre parole que leur parole. On se demande ce qu'il en pensera plus tard, le petit orphelin bangladeshi adopté et transplanté dans un manoir de trois étages, décoré avec goût de meubles coloniaux ayant jadis meublé des palais indiens...

Quant à Tyra, la journaliste l'écorche passablement dans sa conclusion, que je m'en vais vous citer tout de suite, là, pour vous mettre l'eau à la bouche:

"I've definitely grown up this year,", says Tyra. "I'm feeling like more of a woman. (...) I'm not a girl. I'm a woman and I need to start acting like one, start opening my eyes to the world."

And with that, she gets into her chauffeured car and goes home.

She says she still has a lot of work to do.

Qu'ils bouffent donc de la brioche!

2 commentaires:

Vicomte de Bellefeuille a dit…

DJ, je suis ému : c'est plus drôle que ta chronique beauté !

Anonyme a dit…

Good post.