dimanche 18 mars 2007

Comme une rage de dents

Demain, c'est le début de la semaine de la mode à Montréal. J'en ai déjà une indigestion. Il faut dire que j'ai vu un film sur le photographe David Lachapelle dans le FIFA, et que ça m'a rendue d'humeur un peu fâcheuse.
Lachapelle, c'est un monstre du kitsch et du sexe cheap, le champion des mises en scène clinquantes où il remâche des références aux peintres baroques à travers une gluante sauce pop.
En un mot comme en cent, Lachapelle, c'est le gars qui fait ça:


(Naomi Campbell, heureuse d'être arrosée de liquide blanc sur sa ferme poitrine noire.)

Et ça:


(La transsexuelle Amanda Lepore, plus couverte que dans les autres portraits d'elle pris par Dave.)

Et ça:


(Lil' Kim en poupée gonflable.)

(*Si vous cherchez la référence baroque que je vous ai promise, voyez ailleurs: www.davidlachapelle.com )

Dans l'assistance bien étoffée, j'ai noté: une mannequin, deux-trois photographes de mode, un designer + son copain, etc. Le milieu de la mode venu communier à l'autel d'un photographe-vedette qui fait dans la provoc. L'occasion aussi pour eux de se plaindre que c'est pas demain la veille que les magazines montréalais auront l'audace de suivre leurs photographes dans un tel délire créatif, et pour tout dire génial. Je connais le discours.

Je ne sais pas exactement depuis quand je suis devenue réac. Ce que je sais, c'est que l'objectification sexuelle des femmes dans les magazines de mode ne me fait plus rire. Les frontières se brouillent, la femme n'est jamais loin de la pute, ou bien il faut plutôt être pute pour être femme...

Couleurs acidulées, images saturées, femmes-bonbons en plastique, poupées Barbie à la bouche béante et au sexe offert. J'en ai eu la nausée, comme quand on mange trop de ces bonbons acides et sucrés qui collent aux dents. Call me frigid...

Les histoires venues de Bagdad

C'est dimanche, jour des journaux qu'on sirote lentement et des cafés qu'on lit goûlument. Il y a du monde chez Navarino's, mais je ne les entends plus tellement. Je lis le récit d'une femme irakienne journaliste à Bagdad, dont les extraits sont publiés dans La Presse. Elle raconte comment elle cherche le corps de son neveu à la morgue. Comment elle trouve d'abord un morceau, celui du bas du corps à partir de la taille, identifié grâce à son téléphone cellulaire. Comment elle et les autres femmes de sa famille cherchent la partie supérieure, dans un indescriptible charnier de restes humains.

Dieu merci qu'il y a encore des gens là-bas pour écrire et témoigner. Dieu merci qu'il y a encore des femmes irakiennes pour tenir un
journal en ligne, même bourré de fautes en anglais.

Quand j'ai rencontré Zlata, la petite fille de Sarajevo qui a tenu son journal dans la guerre aussi fermement qu'elle l'aurait fait d'un drapeau blanc (et du haut de sa sagesse de 12 ans!), c'est de ça qu'on a parlé: de l'importance de l'écriture pour faire naître la compassion. Du choc que l'on a en lisant les récits de guerre, du sursaut douloureux quand on se dit: "Ces gens sont exactement comme nous." Zlata me parlait de la fatigue de compassion: "quand on voit au bulletin de nouvelles qu'il y a eu 30 morts aujourd'hui en Irak, me disait-elle en substance, on ne sent rien. On s'est habitués, et ces gens sont sans visage. Mais si on lisait le récit de l'un d'entre eux, si on connaissait son histoire, sa mort aurait une autre réalité pour nous."

Après avoir lu des extraits du récit de cette femme irakienne, j'ai regardé la rue St-Viateur, Parc, Laurier avec un regard d'étrangère. Parce que c'était un monde en paix et que je revenais d'Irak.

Merci à ces gens qui gardent la volonté de raconter par-delà de l'horreur. On a besoin de vous.

mercredi 14 mars 2007

Où étiez-vous en 1995?



Ce soir, le PQ a appelé ma mère.


Les pauvres, ils ne savaient pas dans quoi ils s'embarquaient.


Innocent volontaire du PQ: Pouvons-nous compter sur votre support aux élections, madame?


Ma mère: Malheureusement, non.


IVPQ: Et pouvons-nous compter sur celui d'autres membres de votre famille?


MM: Ah non! Nous sommes des ethnies et nous avons de l'argent!


***


Parlant de cocasseries (i.e.: petites choses cocasses), voici un fort flatteur portrait de moi exécuté par une amie très chère. Que dites-vous? Non non, elle n'est pas aigrie et jalouse. Juste un peu fatiguée.


À bien y penser, je trouve ça plus représentatif que celui paru dans le ELLE Québec. Il n'y a que l'amitié pour vous transfigurer un physique ingrat!

mardi 13 mars 2007

Papier électronique? noooooooon....

Dans La Presse d'aujourd'hui, on nous dit qu'il est apparemment inévitable que le papier électronique remplace l'imprimé chez les lecteurs.

Passons sur le plaisir de tourner les pages d'un livre, sur celui de sentir sa lourdeur dans les mains, sur la beauté d'une bibliothèque fournie, sur l'odeur des pages neuves, et celle, plus rance, des pages vieilles. Passons aussi sur l'horreur de se retrouver les yeux dans les yeux avec un écran cathodique de plus en plus longtemps chaque jour. Passons sur celle de n'avoir plus jamais personne qui regarde le titre de votre livre à la dérobée à partir du banc d'en face dans l'autobus.

Une question reste: à l'heure de l'avènement du papier électronique, pourra-t-on encore dire "Cette histoire a fait couler beaucoup d'encre"?

lundi 12 mars 2007

Le réel

Séparés à la naissance:






Britney Spears vs JT Leroy

Le secret n’est pas que dans la perruque.

Il est aussi dans l’image. Celle que l’on construit de toutes pièces et qui nous échappe un jour, comme un verre qui se brise.

Prenez celle de JT Leroy, ce jeune auteur propulsé au rang de vedette par un petit brûlot trash qui chronique sa vie d’enfant prostitué. JT Leroy, travesti douloureux et intéressant qui vit avec le VIH. JT Leroy, avare d’apparitions publiques, et ami avec Asia Argento, Madonna et Winona Ryder. JT Leroy et l’absurde scandale qui a éclaté lorsque des journalistes ont découvert qu’il « n’était que » le fruit de l’imagination d’une écrivaine bourgeoise et de son mari musicien, incarné par la sœur de ce dernier.

Et puis Britney Spears, la blonde américaine qui rit fort avec ses dents droites et blanches, la bouche toujours grande ouverte sur un sourire carnassier et extatique. Britney Spears, avec sa triste tête chauve et son pauvre sexe rasé, aux airs d’animal blessé, dévoilé par une jupe trop courte et trop haute, sur ses cuisses dépourvues de petite culotte. L’Amérique se choque et se passionne pour sa déchéance. Elle la regarde mourir, l’œil hypnotiquement rivé sur son bas-ventre parcouru de la cicatrice d’une césarienne.

Le secret est dans la fiction.

Frédéric Beigbeder a raison de le souligner, dans sa chronique du Lire du mois de mars.

« En France comme en Amérique, le roman veut s’emparer de la réalité, mais l’affaire James Frey montre que de plus en plus d’Américains considèrent le roman comme un genre obsolète et inutile, alors que dans le cas de la famille Sarkozy, il sert juste à contourner la loi protégeant la vie privée. L’écart entre fiction et « non-fiction » s’amenuise. »

Tenez, pendant qu’on y est, sur le sujet de la fiction et de la non-fiction, de la contamination de la vie réelle par la vie rêvée (ou le contraire) : avez-vous déjà visité un site de paris sur la vie des people? C’est comme les sites de paris sportifs, sauf que là vous pariez sur le fait que Britney Spears tombera ou non de nouveau enceinte en 2007; sur le fait que Victoria et David Beckham déclareront publiquement s’être convertis à la scientologie; sur les fiançailles prochaines du Prince William.

Plus réel que ça…

mercredi 7 mars 2007

Vanity Fair, que fais-tu????


Chers éditeurs de Vanity Fair,

vous savez, plus que quiconque, ma très grande admiration pour vos pages. Si seulement je savais comment faire des liens entre les messages sur mon blogue, j'en mettrais un ici- exactement là - pour renvoyer à la lettre admirative que je destinais à votre portrait juste et méchant de Tyra Banks il y a deux mois. 10/10.

Mais.

Je viens d'en lire un de Judith Reagan dans votre édition de mars, The Biggest Issue Ever!!!, comme le clamait la couverture dans l'espoir d'attirer les adeptes du bon rapport qualité/prix. Judith Reagan: l'éditrice qui a voulu publier la bio d'O.J. Simpson, avant d'en être empêchée par le tollé général. J'en frissonne rien que de l'imaginer: le livre se serait appelé "If I did it..." et il aurait traité de ce qui se serait passé "s'il les avait tués". Heureusement, depuis ce temps, Mme Reagan a été congédiée et O.J. a dû renoncer à ses velléités d'écrivain (as-tu déjà pensé à tenir un blogue, OJ?).
Et là, cherzéditeurs, que ne vois-je pas dans vos pages ce mois-ci? "The Trouble with Judith", signé Michael Wolff, i.e. un ex-ami de Judith Reagan qui avoue ouvertement la détester.
Je me permets de vous rappeler quelques passages qui m'ont empêchée de finir ce long portrait (où il n'y a pas trace d'une entrevue avec la principale concernée):

"Judith (she used to be Judy but got grander later) and I went to college together."
"On several occasions, we almost got involved. Aside from her being with my best friend, I sensed, even then, that it was not a good idea to be on the descriptive end of her running commentary (from Judith, I know things about the intimate behaviour of other men- when they cried, how they begged, where they like to insert sharp objects- that may have altered my fundamental view of humanity)."

Je ne pensais pas qu'on pouvait se permettre d'être aussi graphique dans un magazine plutôt crédible (qui est, soit dit en passant, classé dans la section "intérêts masculins" des kiosques... expliquez-moi!). Ni de descendre aussi bas. Pourtant vous êtes les dignes héritiers de la plus pure tradition de la "non-fiction journalistique" qui descend en droite ligne de Truman Capote!
Et si vôtre vénéré magazine fait dans le potin de tabloïd, où s'en va le monde? Et surtout, où s'en vont les tabloïds???

Votre très inquiète,
DJ Ogo






lundi 5 mars 2007

Score: 1/1

Lecteurs éplorés,


je ne suis pas assidue, je le sais. Si je continue comme ça, je vais vous perdre au profit des blogs de Patrick Lagacé et de Richard Martineau (est-ce qu'il tient un blog? non, laissez tomber, je ne veux pas savoir). Mais si je suis aussi inconstante, c'est pour toutes sortes de bonnes raisons. Par exemple: j'essaie de réduire progressivement mes heures de sommeil, jusqu'au point où je serai en mesure de me contenter d'une moyenne de trois par nuit, à l'égard de certains grands hommes dans les pas desquels je boitille maladroitement. Je pense à Napoléon et Grégory Charles.


J'ai aujourd'hui de bonnes nouvelles: après un premier round concédé par moi à Franco Nuovo par K.O., j'ai réussi à égaliser le score. Ouvrez votre ELLE Québec à la page 200, ce mois-ci, et vous tomberez sur un titre ô combien gracieux et littéraire: "Trois filles de la rédac relookées par un pro". Et là, tels les charmants globes morts d'un poisson rouge, une paire d'yeux badigeonnés de couleurs gay-friendly et appartenant à votre adorée DJ Ogo vous fixeront droit dans l'âme.


Prends ça, Franco!


Le jour où tu seras relooké par un pro, toi... eh ben... je... je serai très surprise.


En attendant, c'est 1:1!!!


ps. Je sais que ça ne compte pas vraiment pour un post, ça, mais que voulez-vous, j'ai pas le temps. Je dois retourner à mes heures de non-sommeil, une longue nuit blanche m'attend. Si seulement j'avais une webcam, j'aurais pu en faire une performance...