jeudi 8 février 2007

Langue de bois et oreilles de plywood

Jeudi soir, au lieu de regarder le début de la saison de Lost comme je mourrais d'envie de le faire, j'ai piteusement traîné mes savates au "Combat contre la langue de bois", un pestacle organisé dans le cadre du Festival Voix d'Amériques (spoken word) pour lequel j'avais une entrée. Le principe, c'est 11 personnalités d'ici qui prennent la parole pendant 6 minutes pour dire des choses qu'on ne dit pas, ou qui ne se disent pas, accompagnées par des musiciens un peu trop inspirés. (Oooh les longues minutes d'impro musicale planante... Ooooh le son trop fort qui étouffait les participants au lieu de les accompagner...)

Au début d'ailleurs, le Combat contre la langue de bois a surtout été un Combat pour trouver une chaise. Verdict: défaite (mienne). Un bonheur inconfortable a suivi, induit par les performances inspirées sur scène et mon pauvre dos mal coincé contre un radiateur qui refroidissait au lieu de réchauffer l'air. Non mais. À part le radiateur, remarquez, que de la jubilation de voir les combattants mettre cette fameuse langue de bois K.O. Stéphane Crête a joué du verbe comme ça s'peut pas, pour un grand coup de gueule contre le recyclage qui donne bonne conscience et qui ne sert à rien, quand les grands pollueurs ne font pas leur part. Je le dis mal, évidemment, mais ce soir-là, je n'étais pas journaliste et mon carnet de notes était loin. Mes oreilles, par contre, étaient tout offertes à sa prose désabusée, cynique, hilarante. Vous, mes amis qui utilisez des keeper quand vous avez vos règles et qui grincez des dents quand je laisse couler l'eau pendant la vaisselle, j'aurais voulu que vous y soyiez! On aurait bien ri avec lui quand il discourait sur l'inutilité des cinq minutes dans le noir, cette semaine...

Il y avait là aussi une Micheline Lanctôt badass, qui a rapé sur toutes les minutes (et pas mal plus) qui lui étaient imparties. La splendide jeune Bernadette, du film de Groulx, n'était pas très loin. Et Monique Giroux, de Radio-Canada, que j'aime que j'aime.

Un gros prix citron au gars du son de la Sala Rossa, par exemple, pour ses lunettes fumées rétro et son haut de jogging seventies. Poseur!!!! On le sait que tu sors au Green Room, que tu connais la scène rock underground montréalaise comme le fond de ta poche et que tu prends tes croissants au Navarino's, pas besoin de le crier sur tous les toits!!

Ainsi je proclame officiellement les lunettes fumées le soir, dans une salle de spectacles, d'insulte à la raison et de doigt d'honneur au bon goût. Et pour une fois, je ne dis pas ça comme un compliment.

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